Le problème quand on a une voiture qui a 10 ans, c’est que même lorsqu’il s’agit d’un petit bijou de technologie, elle a forcément plus de problème qu’un modèle plus récent et performant. C’est mon cas. Au retour de ma balade quotidienne en forêt accompagné de Dusk, alors que je roulais beaucoup trop vite dans la ville, ma berline aux traits gracieux s’est mise à clignoter anormalement.

Je sais que j’ai une autonomie confortable, et que rien n’explique cette anomalie. Je roule encore quelques minutes et paf, ce qui devait arriver était arrivé. La voiture avait doucement perdue en puissance jusqu’à s’arrêter définitivement sur le bord de la route. La panne. Terrible terrible panne. C’est assez humiliant pour moi. Ça ne m’arrive normalement pas. Je suis très méticuleux lorsqu’il s’agit de ma voiture. Je change certaines pièces plus de fois que de raisons, je m’assure qu’elle est toujours impeccable et que tout fonctionne. Je roule souvent trop vite et au détriment du code de la route mais jamais au détriment de ma voiture en elle-même. Je n’ai jamais crevé. Et dieu sait que j’ai déjà fait le con sur la route.

Bref, c’est avec un soupir de frustration et une certaine nervosité que j’étais sortie de ma Genesis X décapotable blanche. C’est ma première voiture et je suis comme un père inquiet. J’ai fait les choses bien, par étape. Le tour de la voiture pour inspecter le véhicule. Rien ne semblait anormal de l’extérieur. Mon bébé était de toute beauté malgré les quelques traces de boues que m’avait valu le petit parking à côté du bois.

Je me suis dirigé vers le capot avec une appréhension palpable, comme si j'allais m'attaquer à un casse-tête impossible à résoudre. Ouvrir le capot d'une voiture électrique, c'est un peu comme se retrouver face à un ordinateur dont on ignore le fonctionnement exact. Tout est là, parfaitement organisé, chaque composant semblant indispensable, mais rien n'indique clairement ce qui peut clocher. J’ai beau avoir de bonne connaissance en mécanique, je ne suis pas mécanicien.

Avec une voiture à moteur thermique, j’aurais pu repérer une fuite d'huile, un problème de courroie, quelque chose de visible et de tangible. Mais là, avec ma Genesis, c'est une autre histoire. C’est le pendant d’avoir une voiture électrique. Devant moi, se tenait un ensemble de circuits, câbles, et modules électroniques, le tout impeccablement logé sous des protections en plastique. Tout ce que je savais, c’était que quelque part ici, il y avait une batterie haute tension et une unité de contrôle qui dictait chaque mouvement de ma belle berline.

J'ai sorti mon téléphone pour essayer de diagnostiquer le problème via l'application dédiée. Évidemment, rien de concluant. Je tentais différent test, mais le moteur restait silencieux, refusant obstinément de reprendre vie. La frustration montait, et je me retrouvais à tourner en rond. J'ai tenté de débrancher la batterie auxiliaire, espérant réinitialiser le système. J'ai attendu quelques minutes, le cœur battant, en espérant que cette manipulation suffise à redonner de l’énergie à mon véhicule. Rien.

Je me suis penché sous la voiture pour inspecter le système de refroidissement de la batterie, supposant qu'elle avait pu surchauffer. Pourtant, aucun signe de surchauffe ou de fuite de liquide. Chaque composant semblait en parfait état, défiant toute logique. J'ai pensé à vérifier les connecteurs des câbles haute tension, mais là encore, tout était solidement en place. Aucune odeur suspecte, pas de fumée, juste ce silence pesant de l’échec électronique.

Je me suis redressé et me suis appuyé contre la carrosserie, une main passée dans mes cheveux bleus. Et me voilà, à me demander : comment une voiture que je connais si bien a pu tomber en panne de cette manière ? Et surtout, comment vais-je la remettre en route ?

Je sais m’avouer vaincu mais qui vais-je appeler ? Je ne connais pas les mécano de New Amsterdam et je ne suis pas certain d’avoir envie de confier ma voiture à un parfait inconnu. En même temps, je vais bien devoir me faire à ce nouveau cadre. Je ne vais pas faire trois heures de route chaque fois que quelque chose ne va pas pour retrouver mon mécano habituel. Surtout qu’ici je ne pourrais même pas faire cette route. Tout au mieux, je ferais le trajet avec une dépanneuse. Non vraiment, pas possible.

Je me fais donc à l’inévitable et passe un coup de fil à une dépanneuse. Découvre qu’elle n’arrivera que dans une heure. C’est bien ma chance… Je m’approche de la fenêtre passager que j’ai ouverte pour laisser de l’air à Dusk et lui offre une caresse. Je préfère qu’il reste à l’intérieur, ça me ferait chier qu’il se fasse écraser par une voiture qui passerait trop vite.