La nouvelle Barmaid du Red Lips

Orion + Elena

Rune n'aimait pas qu'on lui attribue des missions de terrain nocturnes. La nuit, il la réservait à ses pyjama dinosaures et à Faackers. Mais l'agent dédié à la mission de ce soir était sur une mission de disparition importante. Les autres agents étant occupés, c'était à Rune qu'on avait donné l'ordre d'aller au Red Lips. L'ancien barman, auteur du cocktail qui avait donné son nom au bar aux basses mœurs, était parti précipitamment de New Amsterdam. Katrijn de Joonckeer aurait laissé filer un pion aussi important? Difficile de remonter la trace d'Adham Shaheen qui plus est.
Rune avait pour ordre d'enquêter sur cette disparition.

Les nuits d'hiver de New Amsterdam étaient les Nemesis de Rune. Le noir nocturne englobait les rues pour des heures, et des heures. Idéal pour les mafias des quartiers peu éclairés. Ici, au centre-ville, la lumière se battait vaillamment contre l'obscurité nocturne. Des flaques lumineuses sous les lampadaires chassaient les ombres, permettant à Rune de sillonner d'un pas prudent et agacé sur les trottoirs verglacés de la Capitale.
Il était tout de même satisfait de l'hiver, qui lui permettait de camoufler son visage. Il n'aurait pas supporté être reconnu par ses patients. Le Docteur Folland dans une ballade dans le quartier des prostituées... Belle crédibilité pour les prochaines sessions. Il utilisait l'excuse du froid avec plaisir, ayant affaissé son bonnet si loin sur son visage qu'on ne distinguait plus la couleur de ses cheveux. Il avait remonté son écharpe jusqu'à son nez, ne laissant que ses yeux comme indice.

Il passa devant le Love Hôtel. Observa un couple se bécoter devant les portes, se demanda pourquoi ils n'allaient pas directement à l'intérieur pour leur affaire. Puis il repéra le Red Lips. Bâtiment triomphant dans la rue, à la devanture chic malgré les sales besognes qui se déroulaient à l'étage.
Il manqua de tomber sur une plaque de verglas, poussa un râle irrité, maudit Eros d'être occupé par une mission plus importante, et poussa enfin la porte du bar. Il étudia rapidement le périmètre du regard, s'assurant qu'il ne connaissait personne. Il ôta bonnet et écharpe, qu'il laissa sur un porte-manteau, avec sa veste. Il était dans un costume élégant, comme à son habitude. Pantalon de marque couleur beige, mais un gilet de costume bordeaux, une couleur que Rune attribuait à la luxure. La marque Chanel était inscrite en dorée sur la poche.

Une fille l'apostropha. Rune avait besoin de se faire une couverture, qu'il n'y ait aucun soupçon sur lui. Il accepta les avances de la fille et s'installa sur un canapé avec elle. Elle lui demanda s'ils pouvaient boire du champagne. Rune n'eut qu'à claquer des doigts pour qu'un serveur s'occupe de leur amener bouteille et flûtes. Rune trinqua avec la femme. Venu en tant qu'agent, il endossa son rôle sans aucune difficulté. Par mimétisme, il imita les positions des autres hommes. Jambes écartées sur le canapé, les bras allongés sur le dossier afin que sa compagne du soir puisse se blottir contre lui. Elle lui chuchotait des caresses salaces à l'oreille, et il lui offrait des sourires charmeurs. Il s'étonna que cela puisse être aussi simple de flirter lorsqu'il était Orion, et non Rune. Le contexte avec Kumiko avait été plus simple, et pourtant il avait été très mauvais dans l'art de la séduction avec elle.

Il resta une bonne heure avec sa compagne, la laissant lui faire acheter de nombreuses boissons. Il joua le jeu du client benêt qui consomme sans s'en rendre compte. Puis quand elle lui proposa d'aller à l'étage, il déclina poliment, lui expliquant vouloir encore boire. Elle opina et s'en alla voir un autre client.
Rune avait passé l'heure à analyser les différents visages. Son enquête serait pertinente avec les dames de compagnie présentes, mais l'approche était trop frontale. Il lui fallait un élément moins évident. Il avait pensé aux vigiles, mais trop risqué.
Et cela faisait dix minutes qu'il fixait la barmaid, qui rangeait avec une précision chirurgicale chaque élément de son bar quand cela venait perturber l'environnement. Il finit sa flûte de champagne, défit son premier bouton de chemise, et s'approcha du bar. Il y trouva une place, s'assit et dès qu'il eut l'attention de la barmaid, prit commande :

- Un verre d'Empirical Spirits Ayuuk s'il vous plaît.

Puis, l'air de rien, ajouta :

- Je ne suis pas venu depuis un moment mais... Adham ne travaille plus ici ?

Il regarda les alentours, jouant celui qui chercherait une connaissance du regard.

Dans l'ambiance feutrée du Red Lips, la lumière tamisée crée des ombres qui dansent sur les murs, tandis que le doux murmure des conversations se mêle au cliquetis des verres. Tu te tiens derrière le bar, en train de concocter des cocktails avec une dextérité devenue instinctive avec le temps et les entrainements. Les bouteilles scintillent sous la lumière, et tu es en parfaite maîtrise de chaque geste, chaque mélange. L’arôme des alcools se mêle à celui du tabac flottant dans l’air, une odeur familière qui te réconforte, Telle une couverture chaude en cette froide nuit d’hiver.

Les clients affluent, se déversant dans le bar avec leurs histoires de cœur brisé et leurs secrets inavoués. Tu écoutes distraitement les plaintes de quelques âmes en peine, feignant l’empathie avec un sourire bien appris, une expression de compréhension que tu sais si bien camoufler. Mais à l’intérieur, rien ne bouge. Ton cœur est aussi froid que la neige qui se déverse lors des soir d'hiver les plus rudes. Tu te contentes d’être la spectatrice de ces drames humain. La superficialité des échanges ne te touche pas, et tu restes impassible, une barmaid charmante et accueillante, qui se moque derrière ce masque de toutes leurs peines.

Tes yeux, aiguisés par des années de surveillance au sein du FSB et dans l’armée russe, parcourent la salle, analysant les visages, évaluant les gestes. Tu es en alerte, toujours à l’affût de quelque chose d’inhabituel. C’est alors que ton regard se pose sur lui. Un homme grand, musclé, qui se distingue des autres par son assurance tranquille et sa prestance. Tu ne l’as jamais vu auparavant, et il attire ton attention comme un papillon vers une flamme. Tu scrutes son visage, notant chaque détail, chaque mouvement, comme si tu t'apprêtais à le marquer sur une liste d'importance.

Un homme accompagné d'une protituée de la Famille s'accoude au bar, te faisant face. Son visage est anguleux, il est mal rasé, ses cheveux poivre et sel coupé en brosse mélé à son costume bon marché te fait penser à un emplyé de bureau classique. Une marque circulaire blanchâtre colorait la peau de son annluaire doit, vestige d'une alliance depuis longtemps jetée dans les cannaux suite à un divorce peut-être.

Le divorcé te demande un cocktail bien précis et tu hoches la tête avec un sourire chaleureux qui étire tes lèvres peintes de rouge.

Ta main glisse avec grâce sur la bouteille de gin, le liquide clair tourbillonne dans le verre à mélange, accompagné d’un trait de vermouth. Tu te penches légèrement, concentrée sur ta tâche, le visage illuminé par la lumière douce qui se reflète sur le comptoir. Une touche de citron vert et quelques gouttes d’amer viennent compléter le tout, créant un cocktail qui attire déjà le regards du client impatient.

Alors que tu verses le mélange dans un élégant verre à cocktail, tu échanges quelques sourires avec les autres clients qui te regardent, leur offrant cette aura de sympathie feinte que tu as si bien apprise à maîtriser. Mais au fond, c’est un sourire vide, sans émotion réelle, un masque bien ajusté que tu portes avec aisance.

Tu termines de décorer le verre avec une fine tranche de citron et un brin de menthe, le posant délicatement devant l' homme, dont le regard de gratitude te flatte à peine. Ton attention dérive alors, attirée par une vibration discrète provenant de ta poche. Tu sors ton téléphone, le scrutant furtivement sous le bar pour ne pas attirer l’attention.

Pas de nouveaux messages, pas d’ordres de mission, aucune annonce d’un assassinat imminent. L’écran se pare de cette banalité rassurante. Une soirée normale pour une fois ? Peut-être, mais cette tranquillité est étrangement dérangeante. Tu plonges ton regard dans les notifications, en cherchant des indices, un murmure d’aventure ou de danger, mais tu ne trouves rien... Habituée à ce que l'objet ne cesse de trembler, ton corps a tendance à s'imaginer des vibrations imaginaires.

En silence, tu remets le téléphone dans la poche de ta mini-jupe crayon, te forçant à te concentrer à nouveau sur le bar. Les clients discutent, les rires éclatent, et le monde continue de tourner autour de toi, tout en te rappelant que cette vie calme et sans intrigue n’est peut-être qu’une illusion passagère. Une soirée normale ? Tu sais mieux que quiconque que la normalité est souvent un préambule au chaos.

Comme pour te donner raison, le nouvel arrivant  s’approche du bar, et tu le regardes droit dans les yeux, l’observant s’installer . Lorsque sa commande se mêle à l’atmosphère du bar, tu réponds avec une voix douce mais ferme, un sourire poli sur les lèvres :

-Dans mon pays, on dit 'Bonsoir' avant de débuter un intéraction sociale....Vous aurez votre verre dès que ce sera fait.

Le mot flotte dans l’air, porteur d’une nuance d’agacement à peine voilée. Ta manière de l’interpeller, presque avec une désinvolture, a pour but de le désarçonner, de lui faire comprendre que sa manière de traiter les autres est tout sauf acceptable, même dans ce monde où les règles de la politesse semblent s’éroder.

Tout en préparant son verre d’Empirical Spirits Ayuuk, tu l’étudies, cherchant à deviner ses intentions derrière cette façade de client innocent. Tu es consciente de chaque détail, de la manière dont ses muscles se tendent sous son costume, de l’assurance qui émane de lui. En jouant les sympathiques, tu es la maitresse de ton royaume, gardant toujours un œil sur les subtilités de l’interaction humaine. Ta voix, même si elle ne porte aucune chaleur, est une mélodie qui envoûte les clients, les amenant à croire à ta bienveillance.

Alors que tu lui tends son verre seulemnt si il t'a saluée, tu lui adresses un sourire, un geste de courtoisie que tu sais calculé, avant de reprendre la conversation.

-Et qui le demande ?

La soirée continue, mais ton esprit est déjà en train de planifier le prochain mouvement.

by lilie

La nouvelle Barmaid du Red Lips

Orion + Elena

Rune était resté de marbre lorsque la barmaid l'eut recadré sur son manque de politesse. Orion articula donc un bonsoir, assez intrigué. La barmaid était visiblement farouche. Si elle conservait ce trait de caractère en continu, elle devait être habituée à reprendre les clients en permanence.
Pendant qu'elle préparait le verre de l'agent infiltré, celui-ci observa l'environnement, maintenant qu'il en était plus proche. La barmaid connaissait son domaine. Elle se tenait derrière le bar comme une reine sur un trône. Elle avait l'œil affûté mais le sourire charmeur. Rune se demanda si elle pouvait avoir un lien avec la disparition d'Adhaam. C'était étrange de la voir derrière un bar, au vue de son physique. Elle avait les atouts que Rune voyait régulièrement sur les Maaeirs qui se prostituaient. Elle était jeune et sa silhouette présentait des rondeurs et des creux similaires aux filles de joie. Pourquoi Katrijn De Joonckheer aurait sacrifié un corps efficace pour vendre du plaisir en le mettant derrière un comptoir ?
Elle avait dit tout à l'heure Dans mon Pays. Est-ce que cela aurait un rapport avec sa position ?
Tandis qu'il se questionnait, visage impassible, elle lui donna sa commande.

-Et qui le demande ?

Rune saisit le verre et le porta à son nez, avant de répondre avec tranquillité et aisance :

- Merci pour le verre. Je suis Lukas.

Il ne pouvait pas se présenter comme un habitué. Si la barmaid se mettait à interroger le staff du Red Lips, tous lui diraient n'avoir jamais vu la tête de Rune. Moins il en disait, mieux il se porterait.

- Vous n'avez pas répondu à ma question, souligna-t-il.

Il prit une gorgée de son Empirical, plantant ses yeux dans ceux de la barmaid à travers son verre. Il le reposa et lut la carte des cocktails. Il n'y avait plus le Red Lips. Le barman ne s'était pas simplement volatilisé, on avait pris soin également d'effacer sa création phare. Son existence était rayée du Red Lips.
Attaquer de front la reine des bouteilles serait inutile. Orion devait gagner sa sympathie s'il souhaitait apprendre des informations distillées par mégarde. Il espérait également que ses voisins de tabouret entendent la conversation et que l'un d'entre eux s'en mêle pour répondre à ses questions.

- Vous avez dit dans mon pays, toute à l'heure. D'où êtes-vous originaire ?

Il reprit une gorgée. Il avait une attitude détendue, bien que cet univers le mette mal à l'aise. Il serait content ce soir de se regarder une vieille sit-com en mangeant des concombres.

L'inconnu saisit le verre que tu lui as tendu, son attitude calme t’amuse. Tu le regardes prendre une gorgée, le nez penché vers le liquide ambré, ses yeux plantés dans les tiens à travers le verre. Il semble chercher quelque chose, un indice peut-être. Un frisson de satisfaction te traverse. Tu es le serpent dans ce jeu, et il ne sait pas qu'il est déjà pris dans ton filet.

— Merci pour le verre. Je suis Lukas,.

Répond-il finalement, comme s'il se présentait au milieu d'une cour royale. Tu as un instant l’envie de rire. Quelque part, tu trouves cet homme faisant tache au Red Lips distrayant au moins.
Tu es là, Déesse de ton royaume d'alccol et de plaisir, et lui, un simple voyageur qui ne sait pas encore qu’il vient de croiser la route de l’implacable.

— Vous n’avez pas répondu à ma question,.

Souligne-t-il, l'air imperturbable. Tu le sens un peu agacé. Cela te divertit.

-Un nom de famille, peut-être, Lukas ?

Tu lui demandes avec désinvolture, un sourcil levé.

-J’en connais tellement ici.

Ta voix est un doux murmure, l’air faussement amical. Dans ta tête, tu considères déjà les possibilités de ce que tu pourrais faire de cette information. Tu es comme une araignée tissant patiemment sa toile, chaque mot, chaque geste, une pièce du puzzle que tu es en train de construire.

Il continue de prendre des gorgées, s’essayant à briser la glace entre vous. Tu aimes ce moment, ce petit jeu d’échecs où tu es toujours une case en avant.

-Vous avez dit ‘dans mon pays’ tout à l'heure. D’où êtes-vous originaire ?

La question flotte dans l’air, et tu sais qu’il espère te piéger dans une réponse qui pourrait te trahir. Tu as l'ascendant, mais son regard trahit une détermination qui te plaît.

-Si tu devines, je t’offre mon cocktail fétiche secret...

Elena,, ton visage arbhore un sourire en coin, le défi brillant dans tes yeux séducteur. Tu sais très bien qu’il ne peut pas deviner aisément, mais l’illusion de la possibilité le pousse à tenter sa chance.

Pour toi, c'est un jeu. Tu es l’inconnue qui ne laisse rien transparaitre, l’énigme qui captive et frustre à la fois. Tu imagines déjà comment ses muscles allaient légèrement se tendre, une réaction subtile mais révélatrice. L’adrénaline d’un pari, même minime, pouvant éveiller en lui une curiosité qui le rendrait vulnérable.

En observant son beau visage, tu ressens un vide, un manque d’émotion que tu as appris à maîtriser. Le sourire qui orne ton visage est une façade parfaite, un masque de sympathie et d’empathie qui dissimule tes véritables intentions. La légèreté de la conversation contraste avec la profondeur des enjeux qui se cachent derrière.

Tu te penches légèrement, comme pour lui faire partager un secret, et tu apprécies le frisson d'une connexion qui, pour lui,  pouvait sembler réelle. Mais pour toi, c’est juste un jeu, une danse délicate entre prédateur et proie. Tu observes chaque mouvement, chaque mot, prête à agir au moindre faux pas.

-Alors, je t'écoutes, cher Appolon.

by lilie

La nouvelle Barmaid du Red Lips

Orion + Elena

Quand la barmaid lui demanda son nom de famille, Rune balaya l'air de la main, comme si tout cela était futile. Derrière son verre, qu'il porta à ses lèvres, il observa la femme. Pourquoi une barmaid aurait besoin de connaître le nom de famille de ses clients ? D'autant plus que dans un bar comme le Red Lips, où des enjeux de taille devaient se ficeler sur l'oreiller, il devait être coutume de la part de tous d'employer des faux noms.
Si cette enquête était un jeu d'échecs, alors Rune devait avancer ses pions avec prudence. C'était pour cela qu'il rebondit sur son origine, tenta une avancée sympathique. Il n'essayait pas particulièrement de sourire, se contentant de se montrer poli. Il connaissait désormais ses faiblesses, et feindre la bonhomie ne lui allait pas. Par contre, être courtois, c'était facilement dans ses clous.
Rune était donc globalement rigide, face à une barmaid qui avait des airs de danseuse, possédant ce bar comme une piste de danse. Son sourire, et la façon qu'elle avait de se pencher en avant, étaient tout autant une basque qu'une prise de territoire par un pion sur la table d'échec.

-Si tu devines, je t’offre mon cocktail fétiche secret...

Rune était malheureusement friand de jeux. Derrière sa posture assurée d'agent, se cachait une âme d'adolescent. Ce n'était pas pour rien qu'il collectionnait des mêmes, et remplissait sa garde-robe de costume en tout genre. Par ailleurs, sous son pantalon Armani du jour, l'homme portait son boxer fétiche à motifs répétés de dinosaure.

-Alors, je t'écoutes, cher Appolon.

Orion était toujours amusé d'entendre des noms de Dieux. Si elle connaissait le Apollon de OWL, elle ne serait pas aussi sereine.
Il laissa son verre sur le comptoir, poussa un soupir, et posa ses avant-bras sur le bar afin de se donner un appui. Il approcha son visage de la barmaid, la sondant avec intensité. Il s'attarda sur son grain de peau, les nuances de son épiderme clair, bien plus blanchâtre que les autres femmes du bar. Le rouge de ses lèvres apportait du contraste, renforçant le voile écru de la dame. De cette bouche carmin s'échappait un filet mentholé. Sûrement une fumeuse,se dit Orion. Mais cela ne l'aidait en rien sur les origines de la femme.
Lorsque ses yeux clairs eurent fini de s'attarder sur la pulpe des lèvres de la barmaid, ils remontèrent lentement vers son propre regard. Sa concentration et la promiscuité, aiguisèrent ses sens. Tant et si bien que d'autres sens furent contraint à s'éteindre pour laisser place à l'étude. Les bruits du bar et la musique de celui-ci devinrent sourds, comme lointains. Des sons piégés dans une bulle.
Elle avait un regard à la fois livide et pétillant, générant une sensation de malaise chez l'agent de OWL. Il la mit de côté pour s'attarder sur les attraits physique de sa comparse de jeu. Des yeux en amandes, des iris sombres, qui s'accordaient avec ses mèches de jais.
Rune, qui n'avait toujours pas cillé, finit par battre des cils. Il ne quitta pas sa position, continuant d'étudier la jeune femme. Cette dernière était de toute évidence slave. Mais quel pays ? Orion se fit l'inventaire des caractéristiques des pays, tout en s'immisçant dans l'impalpable de la barmaid. Il se remémora un léger accent prononcé sur des fins de mots, s'intéressa à sa gestuelle, l'amplitude mélodieuse de ses mouvements.
Elle avait une prépondérance du profil moyennement horizontal et d'une racine du nez moyennement élevée, ainsi qu'une moindre inclinaison du front et un développement plus faible de l'arcade sourcilière. Cela caractérisait les visages typiques des russes. Mais sa chevelure sombre, quoique teinte, et l'ombre de ses iris, ne correspondaient pas avec les standards russes.
Rune se dit que, de toute façon, il aurait eu l'air suspect s'il devinait réellement les origines de la barmaid. Il aurait mieux valu se tromper. Mais s'il voulait interagir avec elle, il devait continuer à avancer ses pions sur l'échiquier.
Sans quitter sa position, il finit par articuler :

- Votre teint pâle et votre accent me rendent la tâche aisée. Vous êtes au moins origine d'un pays slave.

Il finit par se relâcher, prenant du recul et brisant la proximité qu'il avait noué avec la femme.

- J'imagine que votre cocktail préféré est le Bloody Mary ?

L'ombre d'un sourire habilla son visage sculpté.

- A votre tour. Quel est mon vrai prénom ?

Il portait un nom d'origine norvégienne, et n'avait aucun indice sur lui permettant à la femme de l'identifier. Son téléphone était bien rangé dans son pantalon également, cachant ainsi toute possibilité de deviner.

Tu esquisses un sourire amusé, presque carnassier, en écoutant l’homme face à toi se risquer à quelques déductions sur ton origine. Derrière ce masque poli et réfléchi qu’il affiche, tu perçois un subtil mélange d’assurance et de défi, et cette touche d’arrogance a quelque chose d’agaçant, voire charmant. Quand il évoque tes racines slaves, un léger soupir lassif échappe à tes lèvres, accompagné d’un haussement de sourcil amusé.

-Mmh... tu ne prends pas beaucoup de risques...

Murmures-tu d’une voix douce, presque pensive, laissant planer le mystère dans l’espace entre vous. Ta main effleure les bouteilles derrière le bar, chacune renfermant des parfums et des secrets bien à elle.

-Heureusement que je suis là pour arranger ça.

Tu te mets à composer ton cocktail avec précision, ajoutant chaque ingrédient comme une note dans une partition secrète. Un éclat de bleu émerge dans le liquide, semblable aux profondeurs d’une mer nocturne. L’odeur est vivifiante, presque glaciale, contrastant avec la chaleur ambiante du bar et rappelant les nuits froides des pays de l’Est. D’un geste, tu tournes le verre entre tes doigts, le soulevant pour qu’il capte un instant la lumière du bar.

- Voilà, un Snake-bite, pour te souhaiter la bienvenue.

Annonces-tu, posant le verre bleu devant lui avec un sourire qui oscille entre le charme et la menace.  Ton regard se fait plus perçant, et un ricanement discret s’échappe lorsque tu ajoutes d’un ton narquois :

-Et un zeste de curare, pour relever le tout… naturellement.

Tu lui offres un sourire en coin, observant attentivement ses réactions. D’un air faussement pensif, tu reprends :

-Et pour le Bloody Mary..Parfait pour ruiner toute chance de séduire. Surtout si le dernier verre laisse des traces de jus de tomate sur les dents.

Ton rire cristallin fend l’air, teinté d’une ironie légère mais mordante, un amusement sur la pointe de la provocation. Tu pourrais presque sentir ses nerfs se tendre, et c’est exactement l’effet que tu cherchais. Lorsqu’il plonge son regard dans le tien, tu soutiens cette proximité, battant lentement des cils, intensifiant le jeu de séduction.

-Oh, et mon nom ? Oksana...

Lâches-tu en laissant ce prénom se déployer dans l’air. Bien sûr, ce n’est pas ton vrai nom. Mais, après tout, c’est amplement suffisant pour lui — et tu sais que l’ombre du doute restera accrochée à ce prénom factice.

Enfin, dans un geste tranquille, Elena, tu pousses le verre vers lui, prenant un air faussement innocent, presque angélique.

-Alors, est-ce que je t’ai empoisonné ou non ?

Dis-tu d’une voix douce, en le regardant droit dans les yeux.

-Si tu bois, je te donnerai mes réponses. Sinon, eh bien… tu garderas ta vie, mais tu resteras dans le noir.

by lilie

La nouvelle Barmaid du Red Lips

Orion + Elena

L'impératrice des lieux ne semblant pas réagir à la réponse de Rune. Il leva un sourcil alors qu'elle le rabrouait, semblerait-il. Elle l'accusa de ne pas avoir pris de risques. Pour autant, elle lui préparait, malgré tout, un cocktail. Rune dissimula son petit rictus satisfait. Exactement ce qu'il voulait : ne pas attirer du rejet, du soupçon, de la curiosité, en étant excessivement proche de la vérité. Mais également répondre assez justement, montrer qu'il se prêtait au jeu, afin de pouvoir poursuivre la conversation. Afin qu'elle ne se lasse pas de lui.
Hermès aurait été surpris de voir son ancien élève se débrouiller dans l'art de conversation.
L'environnement sonore revint à nouveau aux oreilles du client. La musique d'ambiance, passe-partout. Utile pour couvrir les secrets et les sous-entendus. Il ne connaissait aucun morceau diffusé, bien évidemment. Il avait des goûts musicaux bien trop précis pour avoir connaissance des tubes actuels. Ou même anciens. Il observa alors le dos de la barmaid, dont les mouvements précis s'harmonisaient avec le lieu, les mélodie, les lumières. Bien qu'elle remplaçait le disparu depuis peu de temps, elle semblait déjà avoir une grande aisance. Elle possédait ce bar, de par sa gestuelle et son charisme. Ca n'arrangeait pas Rune qui aurait aimé tombé sur une écervelée. Il la vit verser du cidre et une bière, dans un mélange difficile à rendre harmonieux. Elle leva le verre, telle une reine le ferait avec son sceptre, avant de l'abaisser sur un sujet. Lorsqu'Orion se retrouva attiré par la lueur bleue de la boisson, il se rendit compte qu'il avait été captivé un court moment par la préparation du cocktail.

- Voilà, un Snake-bite, pour te souhaiter la bienvenue.

Il était rare de servir un Snake-bite. Rune laissa son expression étonnée faire surface.
Il remarqua aussi qu'elle n'avait pas répondu à sa question jusqu'ici. Elle était prétentieuse, supposa Rune. Ou bien captivée par son art.

-Et un zeste de curare, pour relever le tout… naturellement.

Il fronça les sourcils. Venait-elle vraiment de le lui dire ? Comment s'était-elle produit du curare ? Si elle en parlait, c'était pour narguer Rune. Pour lui montrer qu'elle avait compris qu'il n'était pas un client ordinaire. Orion s'abstint de poser des questions. Le silence serait son allié pour le moment. Il l'avait toujours été.
Il prit le verre dans sa main, le tournant du bout des doigts pour mieux observer le spiritueux azur. Il le défiait du regard, circonspect. Elle l'avait pris de court. Avait jouer un coup dangereux sur l'échiquier.

Oskana, dit-elle s'appeler. Sûrement un mensonge. Mais c'était suffisant. Ils seraient Lukas et Oksana ce soir.

-Alors, est-ce que je t’ai empoisonné ou non ? Si tu bois, je te donnerai mes réponses. Sinon, eh bien… tu garderas ta vie, mais tu resteras dans le noir.

Ses traits étaient angéliques, pures. Un contraste flagrant avec le contenu de leurs échanges. De ce qu'elle lui suggérait.
Orion la dévisagea, froid et réfléchi. Elle avait compris quelque chose, c'était ce qu'il pouvait retenir. Elle avait, en très peu de temps, saisit que Orion n'était pas juste un client venu pour la soif et les belles femmes. Elle mentait sur son nom. Elle parlait d'empoisonnement, et elle avait, potentiellement, réellement réussi à obtenir du curare. Elle n'était pas une simple barmaid. Orion avait le chic pour toujours avoir face à lui des personnes qui le déstabilisait.
Il ne pouvait pas prendre le risque de se retrouver paralysé. Il était au sein du Red Lips, lieu emblématique des Maaeirs. Le fait d'être potentiellement empoisonné en public n'était pas un frein lorsqu'on était au milieu d'un bar mafieux.
Rune poussa le verre du bout de l'index, dans un geste sec et déterminé. Il leva un sourcil vers Oskana.

- Tu m'as empoisonné, articula-t-il finalement.

Il se dit que sourire serait peut-être l'expression de circonstances, alors il étira un rictus qu'il voulait amusé, mais qui s'avéra être provocateur. Il prit le verre.

- Mais pas avec le Snake Bite, bien que tu sois une vipère.

Et pour preuve, il porta le cocktail à ses lèvres, en but une gorgée. Ce n'était pas son type d'alcool préféré.
Il n'était pas certain de ce qu'il avançait, et il y avait un risque qu'il se retrouve atrophié. Mais sa vie était un risque. Il était un agent de OWL, loyal. Si mourir, même ici, pouvait aider OWL, alors il serait heureux.

- Tu m'as empoisonné dès que tu t'es m'as adressé la parole, Oskana., dit-il en étant premier degrés.

Son ton n'était d'ailleurs pas séducteur, malgré le sous-entendu de son propos. Il était factuel. Si Oksana était plus qu'une simple barmaid, elle pouvait l'avoir empoisonné par son discours. Manipulé. Orion savait comme les mots pouvaient être plus venimeux qu'un coup.
Il but une nouvelle gorgée du Snake Bite, prétentieux et pas inquiet pour le moins du monde pour le reste de la soirée. C'était sûrement cette absence de peur qui lui donnait ce petit air insolent.
Il reposa le cocktail et leva ses yeux vers la brune, attendant un quelconque effet dans son corps, ou non. Puis il se fit la réflexion que s'il se retrouvait paralysé, il avait choisi le mauvais sous-vêtement.