Qui est cet homme ténébreux qui tient le fameux Red Lips ? Que cache-t-il derrière cette attitude taciturne ? Pourquoi refuse-t-il toutes les avances qu’il reçoit, et ne partage absolument rien avec les autres ? Adham est une énigme. Il ne veut tout simplement pas s’ouvrir aux gens qui l’entourent, et encore moins à ses clients. Il ne dit que le strict nécessaire. C’est un homme mystérieux et très peu souriant, qui intriguent et inquiète la plupart des personnes qui le côtoient.
Lorsqu’il travaille, il peut se montrer courtois et attentif, plaçant un masque agréable sur sa solitude pour finaliser une vente et s’assurer un client fidèle. C’est un homme très intelligent et charismatique, lui permettant d’éviter beaucoup de problèmes de bagarres de bar dans son quartier. Sa maniaquerie permettant que son bar reste constamment intact et en parfait état. Econome, il fait toujours très attention à ses dépenses et à ses rentrées d’argent. Il ne dépense que rarement pour lui-même, privilégiant l’évolution de son bar, étant tout ce qui lui reste.
Il ne sort pas, préfère sa solitude, entraînant une perte de contact avec le peu d’amis qu’il avait du temps où sa femme était toujours en vie. Depuis sa mort, Adham est devenu colérique, rancunier, rigide, et très émotif. Encore aujourd’hui, il a du mal à faire face à la réalité, continuant de s’accrocher au passé, et à montrer une fidélité et une loyauté sans faille envers sa femme décédée.
Il n’écoute pas les autres dès qu’il s’agit de lui. Il reste têtu et borné, persuadé que les autres ne le comprennent pas et ne le comprendront jamais.
Cependant, quand il s’agit des autres, il peut se montrer très bienveillant, doux, et patient, laissant transparaître l’homme qu’il était jadis quand tout allait bien. Il sait trouver les mots pour rassurer les gens, n’hésitant pas à parler avec franchise et sérieux. Initialement, c’était un gars simple et romantique, un peu trop sensible à ses heures perdues. Il pouvait faire preuve de beaucoup de tendresse, de gentillesse et d’amour, un peu passionnel sur les bords, apportant à la femme qu’il aimait un environnement sécurisant, renforcé par son côté un peu possessif et protecteur.
C’est un homme un peu trop porté sur la justice, et l’événement a exacerbé cette facette de lui. À présent, Adham est inébranlable. Personne ne peut l’écarter du chemin qu’il a choisi. C’est un homme juste et mature, et très persévérant. Malheureusement, quand il s’agit des Eindhoven et des Wanhoop, il peut être beaucoup moins réfléchi et tolérant qu’il ne l’est en temps normal, n’hésitant pas à foncer dans le tas, faisant preuve de beaucoup de courage, ou de stupidité, à voir.

Adham est un homme qui donne l’impression d’être difficilement approchable. Il est assez impressionnant, mature, mais paraît aussi très triste quand on l’observe de loin. Il ne laissera jamais transparaître cette tristesse quand il parle à quelqu’un, montrant alors une voix grave et agréable, étant plutôt du genre à se morfondre discrètement, en silence, seul.

Petit, on lui a souvent fait la remarque qu’il ressemble énormément à son père, la plupart de ses traits venant de lui, cependant, son regard, lui, vient définitivement de sa maman. Un regard doux et fin, qui paraît vide d’émotions… Parfois froid, et triste. De beaux yeux ambre, en amande, les paupières légèrement tombantes et des cils à faire pâlir les jeunes femmes.
Le reste de ses traits font donc penser à son père. Son visage en diamant à la mâchoire assez prononcée et au menton pointu, accueille un nez droit et fin, des sourcils étonnamment fins pour un homme et des lèvres fines qui laissent rarement apparaître ses dents alignées… Car oui, Adham ne sourit plus depuis un bon moment.

S’il ne fait pas spécialement attention à son physique, il fait tout de même le strict minimum pour être présentable lors de son travail. Il se rase assez régulièrement, dés que la barbe de trois jours semble un peu trop négligée, mais ne fait pas grand-chose de plus pour son corps, les tractions qu’il fait chez lui étant principalement pour le sortir de ses pensées. Ce sport improvisé lui permet tout de même de garder la forme, ainsi que sa minceur et ses muscles légèrement développés, et donc une corpulence dans la moyenne. Il mesure 1m86 pour 76 kg.

Sous ses vêtements majoritairement décontractés, c’est-à-dire, tee-shirts, jeans, et chaussures confortables, se cache une peau mate et bronzé, témoin de ses origines égyptiennes, et étonnement douce, décorée au niveau du bras gauche par un magnifique dragon chinois, enroulé tel un serpent, sa queue enserrant son poignet et sa tête dévorant son omoplate.

Pour en revenir à ses vêtements, ils sont très sobres, souvent de mêmes couleurs, et pratiques. L’égyptien ne s’intéresse pas du tout à la mode et n’a même pas faire les boutiques depuis la mort de sa femme. Il opte plus souvent pour un style discret, et porte principalement du noir, ou parfois des tee-shirts blancs ou des pulls très basiques quand les températures se rafraichissent.
Quand il semble le plus élégant, c’est quand il travaille, portant alors une chemise blanche, rentrée dans un pantalon de costume noir, la taille enserrée par un tablier de barman noir.
Cependant, dans son look, ce qui revient constamment, c’est le collier en corde noire avec en pendentif, une plaque en or sur laquelle sont gravés des hiéroglyphes, offert par sa femme.

Pour finir, ses cheveux sont, avec le tatouage, ce qu’on remarque le plus chez lui. Ils sont fins, légèrement ondulés et coupés de manière asymétrique, étant principalement courts avec une mèche plus longue qui descend le long de son épaule droite pour s’arrêter sur son pectoral. Il est brun avec des reflets roux qui sont accentués sur la mèche longue avec une coloration rouge.

Enregistré par un dictaphone.

Conseiller : Bonjour monsieur Shaheen. Vous savez pourquoi je viens j’imagine ?

Adham : … Non.

Conseiller : Eh bah super. Pourquoi je suis même pas étonné ? Aaah… Bon, en gros je suis le conseiller de la nouvelle matriarche, Katrijn de Joonckheer. La matriarche des Maaiers, hein. Bref, je viens pour renouveler le contrat avec votre, euh… Bar là.

Adham : Renouveler ? Quel contrat ?

Conseiller : Vous aviez pas de contrat avec Heleenjte ? Avec les Maaiers en fait ? Mais toutes les putes vont là.

Adham : Je n’empêche personne de rentrer dans mon bar.

Conseiller : Bon bah dans ce cas, ce qu’on va faire c’est établir ce contrat et tout le monde sera content. J’aurais pas perdu mon temps et vous gagnerez des thunes.

Adham : Et en quoi consiste ce contrat ?

Conseiller : En gros, seuls les membres de la famille Maaiers pourront entrer dans votre bar. Il sera privatisé en quelque sorte. Ce qui fait que tous les soirs, vous aurez forcément des clients vu que, bin, les filles se sont déjà installées ici pour faire leurs trucs. Et j’ai vu que vous aviez deux étages là. Ils sont utilisés ?

Adham : … Oui ils le sont. Ce sont mes quartiers privés.

Conseiller : Ça vous dérange si vous me faites une visite ? Histoire de voir un peu.

Adham : … Eumh. Après…vous.

Adham montre une porte qui mène à un escalier, invitant le conseiller à monter devant lui.

Conseiller : Ah ouais donc le premier étage là c’est que des chambres ? Vous en avez forcément besoin ? Parce que ça pourrait nous être utile.

Adham : Utile. Vous voulez dire. Pour que vos… filles… fassent des trucs chez moi ?

Conseiller : Bah ouais. En gros, c’est votre bar, votre bâtiment, ça bouge pas, on s’en fout. Là, ces chambres, vous les utilisez pas j’imagine. Ou alors vous changez de chambres tous les soirs, mais ça c’est vos affaires. Mais je pense que vous avez votre propre chambre, sinon c’est chelou. Bref, du coup, on paiera le réaménagement, même la privatisation de votre appart. Imaginez, on est des clients et actionnaires.

Adham : Ce sont des chambres d’amis. … D’accord. Imaginons que j’accepte, j’aurais un supplément pour l’utilisation des chambres ?

Conseiller : Ah bah ouais, on va pas squatter pour squatter. A chaque fois que les filles feront ce qu’elles doivent faire hein, vous aurez un pourcentage sur le paiement de leurs clients.

Adham : … Très bien. Je vous laisse regarder les chambres, et je vais réfléchir à votre proposition.

Le conseiller ouvre une première porte. Il tombe sur un bureau avec un clic-clac très simple.

Conseiller : Et vous l’avez trouvé comment votre bar ?

Adham : C’est ma maison. J’ai juste aménagé le rez-de-chaussée pour en faire un bar.

Conseiller : Et le nom, Red Lips ? Ça vient d’où ?

Adham : Je pense que vous savez que c’est le nom de ma spécialité. Il est… inspiré… de la femme que j’aimais. Elle portait souvent du rouge à lèvres rouge vif.

Conseiller : Aaaah, ouais les femmes… Oh, euh, vous l’aimez plus du coup ? Elle vous a trompé ?

Le conseiller quitte la première chambre et ouvre une seconde porte. Tombant sur une pièce mal rangée, remplie de cartons avec des affaires pour bébé et un lit à barreau trône au milieu de la chambre.

Adham : … Elle est décédée. L’année dernière.

Conseiller : Ah merde, désolé… Enfin, mes condoléances. C’est arrivé comment si c’est pas trop indiscret ?

Adham : … Merci. Elle… s’est retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Une fusillade entre les Wanhoop et les Eindhoven. Je ne les accepte pas dans mon établissement.

Conseiller : Eh bah, je suis bien content d’être un Maaiers. C’est pas évident quand on est entouré de femmes tous les jours, mais au moins on peut se rincer l'œil haha !

Adham : …

Conseiller : Ouais, bref. Vraiment désolé, ça a pas dû être évident. Surtout que manifestement, ils ont fait “une pierre deux coups”, même si l’expression est un peu douteuse là.

Adham : Effectivement.

Conseiller : Ouais désolé, je suis pas à l’aise avec ces trucs-là. J’imagine que ça a dû être dur pour vous. C’est une sorte d’hommage, le bar ?

Adham : On peut dire ça. C’est elle qui m’a dit de le faire. Parce que j’étais doué pour faire des cocktails. Le Red Lips était son préféré. Elle a… beaucoup insisté. Mais il a fallu qu’elle parte pour que je me lance….

Conseiller : Bah vous êtes doué pour les cocktails, les filles raffolent du Red Lips.

Le conseiller s’en va ouvrir la troisième porte, qui donne sur une chambre tout ce qu’il y a de plus normal.

Conseiller : Comment vous vous êtes rencontrés, d’ailleurs ?

Adham : On était voisins quand on était petits. On a toujours traîné ensemble. Pendant tout le Basisschool, on était ensemble. Puis il y a eu l’inondation et mes parents m’ont embarqué pour aller dans mon pays d’origine. J’y ai fait tout mon VWO. C’est à mes 18 ans que je suis revenu pour être avec elle. C’était mon amie d’enfance, ma confidente, ma meilleure amie, et mon premier amour.

Conseiller : Littéralement l’amour de votre vie qui s’est faite tuée par les Wanhoop et les Eindhoven… Ah mais vous êtes pas d’ici ?

Adham : Je suis né ici. Mais mes parents sont Égyptiens.

Conseiller : Ah c’est grave stylé comme origines ! Vous les voyez encore vos parents ?

Adham : Ah ? Euh… merci. Ils sont toujours en Égypte, donc non.

Conseiller : Ah ouais, je vois plus les miens non plus de toute façon. Bon bah je crois qu’on a fait le tour. C’est pas mal ces chambres, on pourra les utiliser en tout cas. A condition de les refaire parce que l’ambiance bébé, je pense pas que ce soit de bon goût pour les clients.

Adham : … Ouais. Je vais encore réfléchir à votre proposition, et à certaines conditions que je pourrais avoir et je vous recontacte. Monsieur… ?

Conseiller : Van Der Ven. C’est mon nom de famille hein, Van c’est pas mon prénom. Non parce qu’on m’a déjà fait le coup. Enfin après je veux pas mettre la pression, mais je crois pas que vous ayez vraiment le choix. Après, voilà hein. Bref, rappelez-moi et dîtes-moi quand on peut se redonner rendez-vous.

Adham : … Je vous rappellerai oui.

Quelques jours plus tard.

Conseiller : Salut Adham. T’as pu réfléchir du coup à notre proposition ?

Adham : Bonjour. Oui, j’ai donc des conditions. J’aimerais les ajouter au contrat.

Adham tend une feuille avec ses conditions. Le conseiller se met à les lire très précautionneusement.

Conseiller : Ok, ok bah vous avez rajouté des trucs par rapport à ce qu’on s’était dit la fois dernière mais tout me semble en ordre.

Le conseiller appelle Katrijn qui sort de la voiture, rentre dans le bar, salue Adham avant de signer les deux copies du contrat et de repartir aussi vite.
Van Der Ven prend l’un des contrats, qu’il range dans une pochette.

Conseiller : Bon, et bah voilà une bonne chose de faite. On célèbre ça avec un verre ?

Adham : Je m’en occupe. Je vous sers quoi ?

Adham passe derrière son bar commençant à prendre ses ustensiles.

Conseiller : Un p’tit whisky. Alors dites-moi, vous avez vécu comment vous les inondations ? Parce que ça, ça donne toujours des putains d’histoires.

Adham sert deux verres de whisky.

Adham : On s’est barré rapidement après. J’avais 12 ans. Mes parents m’ont donc emmené en Egypte pour échapper à toute cette merde. Donc on peut dire que j’ai pas vraiment été touché par tout ça.

Conseiller : Eh bah t’as bien de la chance, j’en connais qui n'en ont pas eu autant. Et t’as fait quoi avant les inondations du coup ?

Adham : Oh bah rien de spécial. J’allais à l’école, traînais avec mes potes, et avec Petra. Une vie totalement banale pour un gamin en Basisschool quoi.

Conseiller : Ah ouais, du genre gamin avec des bonnes notes, bien gentil pour papa et maman j’imagine ?

Adham : … J’étais plutôt moyen en fait. Du genre à faire le strict minimum et à faire rager son père. Mais ça me convenait bien, j’avais aucune idée de ce que je voulais faire plus tard, et donc aucune motivation.

Conseiller : Aaaah ouais je vois le genre. Donc t’as fait quoi après les cours ?

Adham : Déjà, j’ai fait tout mon VWO en Égypte, mais ça je vous l’ai dit hier. Du coup, quand je suis revenu à New Amsterdam, j’ai juste fait des petits boulots alimentaires, rien de fou quoi.

Conseiller : On est tous passé par là hein… Les boulots qui sont juste là pour faire rentrer la thune et tenter de construire sa vie. Même si je crois que tes plans sont tombés à l’eau. Ouais, désolé, mais par rapport à ta bien-aimée, ‘fin comment t’as réussi à te sortir de ton deuil ? C’est ton bar qui t’as aidé ?

Adham : Je ne me considère pas “sorti de mon deuil”. Mais effectivement, mon bar, c’est pour elle.

Conseiller : Et euh… Elle était comment ?

Adham : Petra ? Elle était… parfaite. Souriante, pétillante, forte tête et sûre d’elle. Clairement, c’était elle qui portait la culotte. J’avoue que les premiers mois après sa mort, j’étais perdu. Pas seulement parce qu’elle me manquait, mais aussi parce que c’est elle qui gérait la majorité des choses…

Conseiller : C’est souvent le cas des femmes, elles gèrent tellement tout qu’elle se mette presque à nous habiller le matin haha. On est ultra materné. Ça a dû être encore plus compliqué du coup de faire la paperasse pour avoir cet endroit.

Adham : Ouais. M’en parlez pas. Heureusement que nos deux noms étaient sur le contrat de vente, parce que sinon c’est sa famille qui aurait récupéré la baraque, et je me serais retrouvé sans rien. Déjà que j’ai perdu la femme que j’aimais et mon enfant à venir, si en plus on m’expulsait de cette maison… je ne sais pas ce que j’aurais fait…

Conseiller : Et tes parents t’ont pas aidé ? Quand même, j’espère que oui. Avec autant de merdes d’un coup, faut bien un coup d’pouce des parents.

Adham : Les premiers mois ouais, ils sont venus d’Égypte pour me soutenir, et m’aider à organiser les obsèques, mais après, fallait bien qu’ils retournent chez eux.

Conseiller : Ah putain, eh désolé mais j’en reviens toujours pas que tu sois égyptien. ‘Fin, même un peu quoi t’vois. C’est comment là-bas ? Histoire que je sache si je réserve un billet pour mes vacances à côté des pyramides.

Adham : Il fait plus chaud qu’ici, ça c’est sûr, et c’est pas la même langue. Mais en soi, ça change pas beaucoup. Enfin, le système éducatif de l’école public et pas si différent que les autres pays occidentaux. J’ai juste eu un peu de mal à m’adapter parce que je parlais pas vraiment la langue, je comprends, parce que mon père me parlait souvent en arabe, mais parler, c’est autre chose. Surtout que Petra me manquait donc j’étais pas très bavard. J’avais plus d’amis ici que là-bas quoi. Mais sinon, c’est chouette pour des vacances ouais. Mais euh… c’est quoi cet interrogatoire ? C’est pour savoir avec qui vous faites affaire ?

Conseiller : J’aime bien faire la causette. La nouvelle Matriarche, c’est pas trop son délire, sauf si t’es un de ses clients. Mais t’as raison, ça pourrait. T’inquiètes pas, les Maaiers sont pas méchants, c’est un peu comme toutes les mafias t’façon. Du moment que t’es réglo, on est réglo et basta.

Adham : La nouvelle Matriarche, c’est la meuf qui est venue signer le contrat ? Effectivement. Pas très bavarde. Même moins que moi. Eh bien parfait, parce que tant que vous êtes réglo, je le serai.

Conseiller : Je vais me tailler avant de me faire taper sur les doigts. Merci pour le whisky et l’accueil, et bon courage pour l’reste. Si t’as besoin, appelle-moi.

Le conseiller se lève, fait un salut de la main, et passe la porte pendant qu’Adham range son bar après lui avoir rendu son signe.