Fatigué. Déprimé peut-être si on peut croire mon psy. Tout semble être un constant cycle de A à B à C à Δ à ξ à θ... Il n'est pas étonnant de me trouver accompagné d'un verre et d'une cigarette. Le whiskey me donnera certainement un cancer un de ces jours, mais je ne peux pas m'en passer. Je suis descendu bien bas. J'en suis conscient et ça me bouffe de l'intérieur.

Alors ouais, je ne suis pas ce qu'on appellerait un prof "descent". Pas étonnant que je bosse dans une école merdique ducoup. Il est vrai que je me pointe en cours parfois encore un peu ivre et je ne cache pas mon attitude las au boulot. Quoi? Vous vous attendiez à quoi de ma part? Je ne le cache pas! J'en ai marre de mon boulot! J'en ai marre de cette vie misérable et de mon appartement de merde! J'en ai ras le cul de croupir comme ça!

Mais j'peux faire quoi, hein....

Alors ouais, suis pas du genre à suivre les règles. Je fume avec les gosses dans la même planque. On a un accord simple, ils disent rien, je dis rien. Même parfois j'leur prête mon briquet en échange d'une clope. J'vis jour au jour, chèque par chèque, soirée passée à manger des pâtes de soirée passée à commander des pizzas.

Pourquoi j'fais des maths?

Parce-que j'aime ça, malgrès la merde que c'est. Il n'y a pas de taff dans les mathématiques, écoutez pas les menteurs en universitée qui disent que vous êtes l'élite et que vous serez chercheur ou dans les grands noms de l'histoire.... L'universitée a des matières qui marchent un peu comme des escroqueries, des pyramides si vous voulez. Vous formez un élève studieux et il devient "chercheur" puis professeur et à son tour pour assurer son salaire va faire de même. Il n'y a pas d'autre chemin. Mathématiques en pratique? Allez en physique! Ou école d'ingénieur! Mais bon sang de Dieu, prenez pas ces cours à la con...

Cynique... Ouais on peut dire que je suis cynique. Je préfère dire que je me fais pas d'illusions. Je suis réaliste, l'optimisme n'est que les rêves qu'on se dit pour ignorer la réalitée avant qu'elle frappe à la porte.

Mais ouais, j'aime dessiner des cercles dans le sable si vous voulez le voir comme ça. Enfin, les Mathématiques.... LA Mathématique, c'est plus que ça mais bon... Les gens s'en foutent de ça. On est juste des gugus avec des lettres au lieu de chiffres.

Taille: 1m79

Poids: Je sais pas, la dernière fois me suis mesuré c'était ptet il y a 7 ans.... Mais je suis pas gros si c'est ça que vous demandez... Ni sous-alimenté... Je crois...

Cheveux: Bruns

Yeux: Verts et je porte des lunnettes

Barbe: Oui, mais je la garde assez courte et sans moustache.

Style Vestimentaire: J'vais pas mentir, j'enfile la première chose qui sort de mon placard mais j'ai tendance à porter pas mal des couleurs neutres comme le blanc, le gris et le noir, plus facile à laver.

Accesoires: Bah je porte des bagues sur mes mains. Euh... J'ai deux sur mon Index droit, titanium noir. J'ai un sur l'auriculaire droit couleur argent et j'ai un en acier rosé sur mon annulaire gauche qui a un petit motif avec les armoiries de mon universitée.

Tatouages: J'en ai plusieurs. Premièrement à l'arrière de mon cou, côté droit, j'ai un tatouage qui s'étend du col jusqu'à la moitiée de mon homoplate. Ça a l'apparence d'une rose en style très réaliste enveloppée par un drapé laissant parraitre sa tige à certains endroits, un liquide en coulant.
Le second est sur le dos de ma main gauche. C'est un aigle dévorant un serpent comme celui sur le drapeau Mexicain, un souvenir d'un passage turbulent de ma vie... et probablement la seule chose excitante dans toute ma vie jusque là.
Le troisième est sur mon torse au niveau de mon pectoral gauche et en couvrant l'intégralitée. C'est une fleur ouverte de face avec en son centre une cicatrice de balle qui a manqué de peu mon coeur.
Le quatrième entoure tout mon bras droit. Il s'agit d'un motif style tribal assez typique.

Cicatrices: Cicatrice de balle sur mon torse mais sinon j'ai quelques marques sur mes mains plus trop visibles de coupures et j'ai une trace de coup de couteau dans mon côté mais il a bien récuperé depuis.

Démarche: Bordel, je remarque pas ce genre de choses... c'est encore long tout ça? Bah je sais pas, je marche quoi! Bon c'est vrai que je met mes mains souvent dans mes poches et que je met mon poids plus sur une jambe que l'autre mais sinon.... Sais pas!

Voix: J'dirais que j'ai une voix assez grâve, un peu rauque mais une voix quoi....

Ouais. La vie c'est sacrément merdique parfois.
J'dis pas ça parceque j'me tiens là, assis, sous la pluie. Enfin assis.... Etalé? Ouais. Ma chemise déchirée, mon nez sanglant, des marques de coups de partout, dans une ruelle sombre.
Comment on en est là? Bah je sais pas... Enfin... Si mais j'aime pas avouer mes défauts, appellez ça être con et je serais d'accord.

Je suis né en Nordrhein-Westfalen à Köln, sur les bords du Rhein. Je suis pas d'une famille particulière. Mon père travaillait dans l'industrie de l'alluminium et j'ai suivi l'éducation publique. Que dire de plus.
C'est fou comme l'enfance n'a pas tant de choses importantes quand on vieillis... On accordait tellement d'importance pour des choses qui changeaient rien. Mais bref, voilà, gosse ordinaire. J'ai été en école quoi. J'ai fait des amis, eu des disputes, tenté de regarder dans les vestiaires des filles, me suis battu, les classiques. Mes notes étaient pas extraordinaires et je me suis très vite retrouvé sans direction et sans un truc que je voulais vraiment faire.

J'envie les gens qui savent tôt ce qu'ils veulent devenir, vous savez... Ils ont pas à vivre ce que j'ai vécu à errer et pas savoir ce qu'on cherche. J'ai commencé mes études à la Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn en Mathématiques. J'y étais allé sur un coup de tête au début. C'est rigolo. Juste car j'ai entendu dire que c'était en maths qu'on avait pas mal de filles en ce moment. Hah... Ouais... C'est pas vrai, au fait, ne croyais pas ces histoires. C'est n'importe quoi. Mais ouais, j'ai été en dortoir et tout. Je me suis fait de sacré amis et on a déconné comme n'importe quel jeunes.
Je pourrais parler longtemps des soirées à trainer en ville à s'enchainer les bars. Une fois on a été à Berlin pour un voyage scolaire et j'ai pu me faire les boites dans les vieilles usines du DDR. Et j'vous jure... C'est un truc.
Mais j'excellais en maths. J'étais bon. C'est très visuel en fait. L'erreur c'est de tout voir comme étant des lettres sur du papier alors que c'est pas vrai. Les équations sont quelquechose de physique, c'est des lignes, des courbes, des cylindres. Les solutions de "trouver X" qu'on voit en tant que gosse c'est juste trouver où deux trucs se touchent quoi... bon, je dérive. Revennons au sujet.
Mais ouais, assez ordinaire. Bons résultats. J'suis plus puceau, j'ai eu une super meuf du nom d'Alina Bretz. Elle faisait Loi pour devenir notaire comme son père, reprendre la boite, tout ça.
Ça a pas duré entre nous. C'est ma faute. J'étais un sale con. Heh.... Putain quoi.

Puis j'ai eu mon diplome quoi, un joli papier et une cerémonie. J'pensais qu'on aurait notre épée comme à l'ancienne mais ils font plus ça depuis le Reich. Merde quoi, moi j'voulais une épée de "Professeur"! Et voilà.

J'avais fait mes études.

J'avais un joli papier pour me torcher et c'était tout.

Alors quoi faire?

Bah avec mes potes on a fait une excursion au Mexique d'où je tiens cette cicatrice et ce tatouage. Et bordel que c'était quelquechose... J'étais terrifié, vais pas mentir et j'veux pas dire du mal du Mexique, c'est un pays très bien... On a juste été cons... C'est tout....
'Savez, avec la guerre de la drogue et tout.... les cartels... Ouais on s'est retrouvé accidentellement mélé à tout ça. Longue histoire. Un d'entre nous avait déconné et pris un paquet de coke, et pas la boisson. Putain le con. Il l'avait trouvé dans une poubelle. Et à partir de là tout s'est enchainé comme un océan de merde tel que je ne sais même pas par quel queue prendre l'affaire. On a conduit à travers le pays, on s'est fait tirer dessus, arrêtés, on s'est évadés, on a traversé la frontière en secret pour entrer au Guatemala... J'ai failli crever dans la jungle avec une grosse fièvre et puis c'était pour me prendre une balle dans l'torse quand on était en ville, dans une allée sombre à cause d'un voleur qui nous menaçait au flingue.
J'raconte l'pire mais...
Putain que je vivais.
L'air sec des montagnes, la chaleur, le vent.... Ça me manque. Je sais pas si c'est le pays qui me manque ou les sensations...
C'est... C'est une sensation particulière de peur, d'excitation, de stress et de pouvoir que d'être dans ce genre de situation, à craindre de se réveiller dans la baignoire remplie de glaçons avec un rein en moins ou de finir oublié dans la pluie... D'être alimenté par l'espoir de toujours s'en sortir, de toujours y arriver un peu plus chaque jour...


Et puis la vie devait reprendre.
Personne peut rester comme ça éternellement. Autant que j'aurais voulu quelquepart rester un voyageur comme ça, toujours à fuir, à découvrir, à rencontrer des gens de toutes les nuances morales et aux histoires si... spéciales... je sais pas...
Fallait que je sois "stable".

J'ai découvert que mon diplome c'était vraiment un PQ glorifié. Allez trouver du taff avec un diplome en mathématique. J'ai fait prof ducoup, et voilà. J'ai essayé de laisser tout le côté "Badboy" derrière et de prendre un train de vie ordinaire. C'est facile, trop facile en fait, de se laisser emporter comme ça. J'ai senti le vide en moi. Être là à enseigner c'est sympa la première année, puis on découvre qu'on est juste une machine à répéter les mêmes mots avec quelques altérations, encore et encore et encore. J'ai pas tenu, j'ai craqué.
On m'a muté, on m'a insulté, appellé une disgrâce, tout-ce-que-tu-veux...
J'ai fini dans les Pays-Bas, à Nouvelle-Amsterdam muté dans cette école de merde dans un quartier mal vu. Un déchétier pour les gens comme moi qui en peuvent plus. J'me languis dans mon petit appart délabré à gratter mes sous pour vivre. J'connaissait même pas la langue en arrivant mais je me débrouille. J'veux dire, ça reste proche de l'allemand et on peut se faire assez facilement comprendre auprès des Sumpfdeutche. Enfin entre les Hallo et les Hallo, les Gehen et les Gaan, ça se pige un peu. J'aurais espéré être à la frontière où ça parle encore allemand mais la vie a la facheuse tendance à m'envoyer près de la merde. Mine de rien ça me donne aussi un peu l'opportunitée de faire ce que je veux, comme je veux. Ouais, cette école est pourrie jusqu'à l'os. C'est pour ça qu'ils peuvent pas me virer. Appellons ça un "accord mutuel" de silence. Je continue de me faire payer et moi je retiens le silence sur les photos dans le tirroir du Directeur ou les cachets dans la salle des profs.
Comment cet établissement n'a pas encore coulé sous les tribunaux, ça m'étonne. Enfin, ceux qui sont ici sont les enfants qui n'ont pas le choix, dont les parents, parfois le parent, n'ont pas l'argent pour se payer une école digne de ce nom, alors ils finissent là.

Un bon prof aurait essayé de les guider sur un meilleur chemin, se serrait battu, aurait dénoncé ses collègues corrompus ou juste dégeulasses... Moi je suis pas un bon prof. J'ai pas la naivetée nécessaire. Je leur fait les cours et je me démerde pour pas qu'ils aient des résultats de merde mais c'est tout, l'effort c'est à eux. C'est pas à moi de les tirer tous hors des égouts et risquer qu'ils me tirent en bas.

Le jeu c'est pas sorti de nulle part. J'étais joueur à l'Universitée mais c'était pas comme là. J'avais découvert un petit casino caché à Köln... puis j'ai visité. Je voulais pas jouer au début, juste regarder, mais un type m'a un peu poussé. Il était.... convainquant on va dire. Totalement un des gros bras du proprio. J'ai joué au Blackjack.
C'est très matheux le Blackjack. Suffit de compter, d'anticiper, et on peut facilement diriger la partie. C'est normalement biaisé pour que la maison gagne si on joue sans comprendre vraiment le fonctionnement. Les jeux de hasard c'est simplement une taxe sur les gens qui savent pas calculer par les gens qui savent.
J'ai fait mine de perdre quelques fois au début mais l'adrénaline de gagner était si... addictif.
Je ne pouvais pas résister. C'est un jeu tellement amusant que de les voir tricher comme ils peuvent, rajoutant des cartes, changeant les parties, cachant dans les manches. J'ai appris les petits truquages, j'ai touché un peu à tout. Cette habitude m'a suivi partout, à Berlin, à Hamburg, à Frankfort.... et finalement ici avec un nouvel établissement que je connaissant pas et à qui je n'ai pas pu résister de faire les poches une soirée. C'était un jeu... Puis de la roulette. J'étais emporté, les gens autours de moi célébrant mes coups de "chance" alors que je rafflait les mises tel un viking.

Ouais bref.
Il se trouve que quand on gagne trop d'un coup chez quelqu'un c'est pas la fête.
J'ai eu le plaisir de rencontrer pour de vrai le sous-sol ou L'Underground comme ils disent, de la ville. Quelques coups de poings avec des poings américains dans le visage et le ventre, des coups de batte et des coups de pieds ont servi d'introduction sommaire à la famille des Wanhoop à qui appartenaient l'établissement que j'ai dépouillé.

Ducoup voilà.

Le fric? Oh j'en ai totalement gardé une part. Ils m'ont dépouillé mais pas de tout. Hé, j'ai survécu à pire et je sais les endroits où on planque pour passer ce genre de "contrôle". Par contre le prochain voudra pas renifler mes billets, ça c'est sûr.

Je grochonne en me relevant. J'ai du rester dans les vapes un petit quart d'heure. Je boîte fort, grinçant les dents.

Un bon verre de Whiskey me ferrait du bien là.