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Le mot de passe du Wi-Fi steuplé ?
Thomas & Kassie
Si on avait demandé il y a six mois à Kassie comment elle allait passer les fêtes de Noël, elle aurait répondu : comme d'habitude, avec mon père, sur le bateau. Ils auraient partagé un poulet, se seraient offerts des beaux cadeaux quitte à se ruiner, puis ils auraient regardé des bêtisiers à la télé en buvant des Irish Coffee.
Mais là, qui l'eut cru, elle venait de recevoir un message de sa mère qui lui proposait de passer les fêtes ensemble. Kassie adorait l'idée de fêter Noël avec sa petite sœur, et vomissait d'avance d'être avec sa mère et son beau-père. Et en même temps, elle n'avait toujours pas envoyé sa mère sur les roses. Elle hésitait. Son père serait encore en cure, les tournages de la série lui faisait du bien, sa relation avec Psyché apaisait ses tourments ...
Le fait de considérer sérieusement l'idée la faisait flipper.
Assise en pyjama dans son bateau, elle faisait défiler sur son vieil ordinateur portable des recherches de location. Elle allait bientôt toucher son cachet, elle pouvait se permettre d'envisager de déménager. Fumant une cigarette, les cheveux emmêlés, un pyjama négligé, elle scrollait mécaniquement. Puis soudainement : plus rien. La page internet refusait de charger. Le voisin avait encore coupé sa connexion internet. Elle donna un coup sur l'écran, comme si miraculeusement Monsieur Bärn allait rétablir la connexion. Mais rien.
Elle poussa un soupir. Elle aurait bien squatté chez Psyché, mais elle n'était pas disponible. Ethan et Hendrick travaillaient. Et Aevyn, elle n'en parlait même pas. Elle n'avait pas le choix ...
Elle écrasa sa cigarette dans une canette de pepsi transformée en cendrier et partit s'habiller. Elle enfila un sweat qui appartenait à Ethan, trop large pour elle. Des collants opaques sous une jupe plissée noire. Elle brossa tout de même ses cheveux, essayant de dissimuler ses oreilles décollées. Un peu de liner pour allonger le regard, du rouge sur les lèvres pour se donner de la couleur, et elle jugea le travail suffisant. Elle enfila ses cuissardes, mit ordinateur et chargeur dans son sac à dos de cours puis quitta les lieux.
Comprenant qu'elle allait devoir se poser dans un lieu public pour avoir du Wifi, et donc sûrement un Café, elle sentit son coeur battre à cent à l'heure. C'était dans ce même quartier qu'elle avait vécu la fusillade. La cicatrice sur sa joue le lui rappelait souvent. Elle écrivit un message d'aide à Psyché sans le lui envoyer, ça la rassurait. Elle avait l'impression que sa copine était avec elle, qu'elle lui soufflait que tout irait bien.
Il était un début d'après-midi. Le soleil était haut dans le ciel malgré l'hiver. Les rues étaient décorées pour Noël. Kassie attendait de la neige avec impatience. Les illuminations lui donnait du courage.
Elle s'approcha d'un premier café, le choisissant au hasard. Si elle prenait trop de temps, elle sentait qu'elle allait finir par faire demi-tour. Elle devait se faire violence. Elle devait recommencer à vivre, cette fusillade était une exception. On était en journée, les rues n'étaient pas aussi dangereuses que la nuit. Les enflures de la mafia devaient sûrement dormir à cette heure-ci.
Elle poussa une porte. Il y avait peu de monde au vue de l'heure. On prenait souvent des cafés vers quinze ou seize heures, pas juste après midi.
Elle s'en fichait du café, elle voulait juste du Wi-Fi.
Ses talons claquèrent tandis qu'elle entrait dans le lieu. Il était plutôt joli. Il avait un aspect industriel charmant. Elle appréciait les plantes, qui apportaient de la couleur et de la vie à l'endroit.
La blonde voulut s'approcher du bar pour commander mais se fit alpaguer par le serveur. Elle roula aussitôt des yeux. Fantastique, elle avait devoir se montrer sociable.
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Le mot de passe du wifi steuplé?
Décembre. Bientôt Noël.
Qui dit Noël dit culture de Noël. En Afrique, y’a pas ça. Donc on s’amuse pas à décorer des arbres, et on s’amuse pas à faire augmenter notre facture d'électricité avec des petites lampes qui éclairent rien… Surtout qu’en Afrique: le courant n'est pas toujours présent.
Mais ici, ça s’fait. On allume les lumières de partout, tout le temps, on coupe des arbres pour les habiller… C’est super macabre je trouve. C’est comme si on habillait un homme pour qu’il rejoigne son cercueil, sauf que c’est un arbre.
Enfin bref, heureusement qu’au Corner House, on aime pas ce qui est de trop, alors on a mis des jolies fleurs et des décorations en bois ici et là. Rien de trop. Puis, on vend du stolen cette saison, des cookies et du cake aux épices de Noël et de la soupe. Donc si c’est pas assez Noël: allez chez Starbucks.
J’ouvre le café, je réceptionne la nourriture que je vais ranger au frais et dans les vitrines, je vérifie les stocks, nettoie de nouveau les surfaces, met les machines en route et vérifie le café avant d’en mettre dans les moulins…
… Puis voilà la première vague de clients. Et là, ma journée commence.
Les gens aiment les cookies et les cakes le matin. Les plus protocolaires, aiment bouffer la même chose tous les matins, genre… Du granola avec du yaourt et de la compote de saison. Le midi c’est plus un truc à prendre sur le pouce. Cortado, espresso et tout… Puis des sandwichs.
Mon grand-père, arrivé vers 9 heures, me demande d’aller couper à 12 heures. Je termine ma commande puis lui laisse ma place pour me retirer dans le bureau et manger. Au calme.
Là… Je peux regarder encore et encore, les photos de mon enfance placardées sur le mur de la pièce. Je revois maman… Enfin. C’est un peu comme si je mangeais avec elle. Puis en général, quand je finis de manger: j’en arrive à la photo où y’a papa.
Celle-là, j’peux pas la retirer parce le vieux veut pas, mais rien qu’à voir sa face, ça me donne envie de recracher tout c’que j’ai avalé. Alors je ramasse mes affaires, vide mon verre d’eau et j’y retourne.
Quand je reviens je peux voir que mon vieux à essuyé la vague de midi avec brio. Je m’avance vers lui et lui met une tape sur l’épaule. Il me répond par un haussement de sourcil par-dessus ses lunettes rondes.
- Allez la relique: va te restaurer. Je prend le relais.
- Tu sais c’qu’elle te dit la “relique”?
Je tousse un rire et lui aussi.
Alors que j’attache mon tablier, je m’adresse à la prochaine cliente.
- Salut, ça va?
Je finis d’attacher ma ceinture et m’accroche à la caisse en lui adressant un sourire de bienvenue.
- Qu’est-ce que j’te sers?
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Thomas & Kassie
Ca manquait cruellement de décoration festive, dans ce lieu. Kassie se sentait rassurée par les guirlandes, les illuminations, les chants familiers et les sapins qu'on commençait à installer sur les bordures des trottoirs. En entrant dans ce café, elle avait l'impression d'avoir pénétré dans un lieu en dehors du Monde. L'énergie était décalée avec l'extérieur, ici.
Mais bon, elle ne voulait que du Wi-Fi.
Elle ne put s'empêcher de jeter un regard derrière son épaule, vérifiant que personne ne la suivait. Depuis qu'elle savait que Katrijn De Jonckheer était l'agresseur de sa copine, elle craignait d'être interceptée n'importe où et n'importe quoi. C'était l'agresseur d'une Lieutenant de la Mafia, de quoi pouvait-elle être capable avec une civile ?
Un blond noue un tablier autour de sa table et vient m'accueillir. Il dégage un léger charisme, qui se noie dans la masse. Il est comme moi : un beau blond au milieu d'un pays de blonds aux yeux bleus à la peau claire. On passe inaperçu ici, cher serveur. Peut-être que si on le découvrait dans un autre pays, son aura se démarquerait enfin.
Bref, le pauvre, agaçait déjà Kassie simplement par le fait de l'avoir interrompue dans son chemin.
- Salut, ça va?
Kassie haussa un sourcil hautain à l'attention du serveur. Pourquoi il lui parlait comme si elle était sa pote ?
- Qu’est-ce que j’te sers?, demanda-t-il avec un sourire charmeur.
Kassie s'approcha de la caisse, bouche pincée dans une grimace de mécontentement.
- Un peu de respect te concernant, grommela-t-elle.
Dans un univers où Psyché n'était pas sa copine, peut-être que Kassie n'aurait pas été autant sur la réserve. Le serveur n'était pas son type de gars, pas assez bad boy pour Kassie. Bref.
Elle soupira et leva la tête vers la carte des boissons. Elle n'y comprenait rien aux précisions à côté des cafés. Alors elle dit :
- Votre café le moins cher, merci.
Elle chercha sa carte de crédit dans son sac. Sans adresser un regard au blondin, continuant à chercher son portefeuille, elle poursuivit :
- Oh, et je n'ai pas vu le mot de passe de votre Wi-Fi. Vous pourriez me le donner ?
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“Un peu de respect te concernant”
Vous savez… Tous les jours, y’a ce qu’on appelle une “Karen” qui vient au café. Une seule. Parfois ça passe, parfois ça casse. Bah j’crois que j’ai la gagnante du titre de Karen d’aujourd’hui. En plus elle est blonde et aigrie à point…
… Puis le fait qu’elle soit petite: ça me donne envie de rire. Mais je me contente de sourire.
- C’est le “tu” qui te perturbe? Désolé, ça fait partie de la maison, c’est pas pour te vexer.
Après, ça t’as pas dérangé de l’adopter le “tu”. Donc au final, tu l’ouvres parce que t’as juste envie de verser ton sel Pikachu.
Je la regarde décrypter la carte et commence à me poser des questions: qu’est-ce qu’elle ne capte pas? C’est pas écrit en mandarin et c’est très simple: y’a les boissons chaudes et froides puis y’a les thé. Le reste c’est en vitrine.
Elle doit vraiment avoir un problème.
- Votre café le moins cher, merci.
Elle se met à fouiller son sac et je regarde la carte…
- Un espresso donc... et avec ça?
- Oh, et je n'ai pas vu le mot de passe de votre Wi-Fi. Vous pourriez me le donner ?
J’inspire et récupère le ticket qui sort. Vraiment, je suis bien placé pour savoir que les gens sont aveugles, mais là… Y’a des logos no wifi sur la vitrine et dans le café.
Une des habituées me regarde, je lui rend son regard. Elle retient un petit rire et je finis par répondre:
- C’est parce qu’on a pas de wifi. C’est indiqué, dis-je en pointant l’étiquette avant de poser le ticket de sa commande sur le plan de travail de derrière pour que mon collègue qui est là puisse la préparer.
Je me penche vers l’habitué derrière elle en faisant un clin d’oeil et lui demande plus bas:
- Salut Dorine, j’te sers là même chose?
Elle me répond “oui s’il te plaît” comme une petite fille confuse. Je lui sourit et lui fait signe que je lui offre et qu’elle peut aller s’asseoir.
On n'offre pas le café à tout le monde, tout le temps, mais on a nos gens. Parfois on offre, parfois on fait des réduc’.
Dorine, c’est une nana qui est chouette. Elle a la quarantaine, elle est prof et quand je l’ai vue pour la première fois, elle était déjà habituée au Corner House. Le premier café que je lui ai fait était dégueulasse. Elle en savait rien donc elle est venue me voir pour me demander pourquoi le café avait un goût de liquide vaisselle. Mon grand-père a dû lui expliquer que c’était à cause de moi, que j’apprenais encore etc… Et son visage à totalement changé. Elle s’est mise à rire, à me regarder apprendre et à chaque fois que je lui faisais un café, elle me faisait des retours pour que je m’améliore. Si aujourd’hui, je maîtrise bien, c’est parce qu’elle fait partie des gens qui m’ont aidé. Alors elle fait partie de mes “amis” de café.
Bon revenons-en à la Blondinette.
- … Enfin si t’as besoin de wifi, j’peux te proposer de te faire un partage de co’ si ça te dis, fais-je en posant un cube de bois avec le chiffre 2 dessus.
Faut qu'elle l'emporte avec elle pour qu'on sache a qui va la commande n°2.
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- C’est parce qu’on a pas de wifi. C’est indiqué, répondit le serveur.
Kassie leva les yeux de son sac pour observer les alentours. Il lui fallut un petit moment pour trouver en effet le petit mot indiquant qu'il n'y avait pas de Wi-Fi. Pas franchement mis en évidence. Kassie était observatrice, elle l'aurait remarqué sinon.
Elle poussa un soupir. Quel lieu public n'avait pas de Wi-Fi en 2032 ? Et puis c'était quoi, ce lieu ? Pas de déco de Noël, pas d'internet... Ils cherchaient à repousser la clientèle ? Kassie était tombée sur le seul Café bobo du quartier. A coup sûr ils vendaient des pâtisseries sans gluten et vegan. Bon, c'était une mauvaise expérience, et voilà tout. Elle avait juste besoin de chercher un appartement, Kassie. Pas besoin de tomber sur la découverte d'un super café. Elle n'en pouvait plus de vivre sans son père dans ce bateau usé, que l'hiver viendrait rendre si humide que les murs suinteraient. Et elle ne pouvait pas squatter continuellement chez Psyché, même si elle adorait rester des heures dans son lit, au chaud, blottie contre elle.
Kassie régla sa commande et fronça les sourcils quand le serveur s'adressa avec un sourire charmeur à une vieille. Une "Dorine". C'était une habituée, au vue de la phrase qui lui fut adressée. Kassie leva les yeux au ciel. Les habitués du bobo café avait le droit à la sérénade alors que les capitalistes comme Kassie se voyait traiter comme des idiots. Gnia gnia c'était indiqué qu'il n'y avait pas de Wi-Fi. Et où est-ce que c'était indiqué que c'était un Café de merde ? Oups, pas d'affiche pour ça.
Kassie se rendit compte de son amertume mais ne chercha pas à se dérider pour autant. Elle gardait un visage fermé, l'air agacé. Elle attendait debout, comme une idiote. Elle commença à taper du pied, impatiente.
- … Enfin si t’as besoin de wifi, j’peux te proposer de te faire un partage de co’ si ça te dis.
Kassie leva un sourcil, une expression présomptueuse sur le visage.
- Pardon, c'est à moi que tu parles enfin, ou tu comptes encore faire passer tes habitués avant les autres ?
Elle prit le cube où était inscrit le numéro deux.
- Vous devriez indiquer aussi que vous n'avez pas de respect, en plus du Wi-Fi.
Elle se voyait agir de l'extérieur. Kassie n'était pas une personne très patiente, et comme d'habitude, elle ne prenait pas le temps de la politesse et la bienséance avec les autres. Comment Psyché ou bien Ethan pouvaient bien l'apprécier ?
- J'attends votre partage de co, lança-t-elle sèchement.
Elle se dirigea vers une table et poussa un soupir. Elle ouvrit son ordinateur. C'était un vieux modèle, à qui il manquait la touche "k". Elle avait envoyé beaucoup de mails en tant que "Assie", à cause de ce défaut. L'écran était fissuré en bas à gauche, donc la blonde était souvent en difficulté pour déchiffrer l'heure. Et évidemment, la batterie ne tenait plus. Il fallait toujours resté brancher. Elle sortit son chargeur, qu'elle déroula, et le brancha. L'ordinateur s'alluma au bout de longues secondes. Kassie poussa un soupir, fichu voisin qui l'empêchait de profiter de sa connexion.
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- Pardon, c'est à moi que tu parles enfin, ou tu comptes encore faire passer tes habitués avant les autres ?
Je hausse un sourcil. Elle a quoi Karen, là? Je regarde derrière moi: ah bah c’est bien à moi qu’elle parle.
Je me demande si c’est une de ces filles de riches qui se croit tout permis et qui prend tout le monde de haut sous prétexte qu’ils ont du sang bleu dans les veines et qu’ils font partie d’une élite qui a sa place dans les égouts selon moi. OU si c’est juste une névrosée qui a juste besoin d’une psy trois fois par jour tous les jours… Où juste d’un bon taquet derrière la tête.
J’inspire et bloque ma respiration discrètement. Elle ne connait visiblement pas le monde du café. Elle ne connaît rien à la maison. Un peu de compassion, de l’indulgence…
- Vous devriez indiquer aussi que vous n'avez pas de respect, en plus du Wi-Fi.
… Et de la patience. Vraiment… Ce n’est QU’UNE cliente chiante. La seule cliente chiante de la journée. Allez, tu peux la gérer.
Cependant, quand je pense aux cafés voisins, je me dis qu’il y a bien longtemps qu’ils l’auraient envoyée valser. Si elle voulait du wifi, elle avait qu’à aller chez Starbucks et prendre n’importe quel jus de chaussette de luxe, plutôt que de venir au CornerHouse.
Tout est dans le titre. “CornerHouse”, ou “Coin-maison” littéralement traduit. La charte est explicite. Ici c’est comme à la maison. Je sais pas si chez elle elle toque avant d’ouvrir le frigo pour pas surprendre sa bouteille de lait et ses bananes, mais ici on est du genre relax les un envers les autres.
- J’y penserais. Merci pour ta suggestion, dis-je en soupirant.
Je ne l’écoute même pas finir sa phrase et vais à la machine pour commencer sa commande. Alors que je fais couler le café, je m’appuie sur le bord du plan de travail et inspire et expire. Quand je regarde dans la salle, les clients me font des sourires, et gloussent un peu. Je souris brièvement. Je sais ce que leurs sourires veulent dire. “On a vu et entendu… On peut rien dire, mais t’en fais pas. On te comprend, on pense comme toi.”
Alors Dorine arrive derrière moi. Je me retourne.
- Un problème?
- Non, rien. T’en fais pas. Quelque chose va pas avec le café?
- Pas du tout. C’est pour toi que je dis ça…
- C’est pas la première fois tu sais. On en a vu des pires.
Elle me sourit et retourne s’asseoir.
C’est vrai. Y’a eu la fois ou une femme à commandé un grand crème et quand on lui a donné elle a voulu que le café et le lait soit séparés, puis que le lait soit plus chaud, puis que le café soit plus chaud … Pour finalement boire uniquement le café.
Ou la nana qui voulait absolument doubler tout le monde en passant par la sortie pour commander. Elle comprenait pas qu’il y ait un sens de circulation dans le café. En fait , elle voulait commander avant tout le monde pour aller réserver ses places, sauf que c’est pas comme ça que ça marche. C’est pas très juste pour ceux qui jouent le jeu et font la queue, puis ça fout un dawa pas possible en terme de circulation. Bref, elle est ressortie sans café.
Puis y’avait aussi une de nos employées - parce que c’est pas toujours les clients le problème. Elle faisait vraiment rien. Elle se cachait derrière des pseudo tâches pour passer le temps, refusait de faire la plonge, prenait des pauses trop longues et invitait des amis en leur passant toutes leurs commandes… Plusieurs fois par semaine… On ne savait plus quoi faire avec. Quand elle est partie, je lui ai dit au revoir et plus tard quand elle a voulu revenir: j’ai pas pris la peine de répondre à son message.
Je mets sa tasse sur une soucoupe, une cuillère puis au dos de son ticket, j’écris le nom de mon réseau auquel elle pourra se connecter. Je le glisse sous la tasse et sors mon téléphone pour activer le partage de connexion.
J’attrape le run et me dirige vers sa table de la blondasse. J’attrape mon chiffon est passe un coup à l’endroit où je vais poser sa commande.
- Voilà ton espresso et le code du partage de co’.
Puis je vais ramasser ce que les clients ont laissé sur les autres tables pour les mettre à la plonge avant d’attraper mon produit et passer un coup sur les tables, les sièges et bancs et retourner derrière le comptoir.
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Kassie mangeait une mèche de cheveux, nerveuse, attendant internet. Elle n'avait aucune patience. Ils étaient longs à juste servir un expresso.
- Voilà ton espresso et le code du partage de co’.
La blonde leva les yeux de son écran, observa le code et la tapa aussitôt.
Elle remercia le serveur et fit de suite défiler les appartements. Elle savait qu'elle obtiendrait un beau cachet, mais ne souhaitait pour autant pas trouver un logement trop expansif. Si Les Enfants de l'Aube ne marchaient pas, elle ne voulait pas finir à la rue.
Bon, elle avait Psyché, donc elle savait bien qu'elle ne serait jamais sans toit. Mais le but c'était d'avoir une chambre pour son père et elle ne voulait pas faire une colocation avec sa copine et son daron.
Elle ciblait un quartier résidentiel et évitait évidemment le centre-ville. Peut-être pouvait-elle trouver quelque chose non loin des pilotis ? Elle connaissait bien le quartier et ce n'était pas loin de chez Psyché.
Un T3 attira son regard. Pas très neuf mais pas trop dégueu. Une baignoire, sympa.
Elle se souvint qu'elle avait un café. Elle le porta à ses lèvres et grimaça. Trop fort, pas terrible. Il fallait avouer qu'elle était habituée au jus de chaussette ou au café en dosette des tournages.
Elle envoya une demande de visite à la propriétaire du T3 et profita de la connexion pour lire le script du prochain épisode de la série. Sa tasse à moitié pleine, pourtant pas grande vue l'expression, refroidissait à côté d'elle. Elle rougit en lisant les dialogues entre son personnage et celui d'Erwan. Puis elle ferma son écran sur le clavier dès qu'elle lut le terme "nudité" dans les didascalies, comme une pucelle choquée d'avoir vue le loup. Elle rougit en comprenant qu'elle devrait jouer une scène de sexe avec Erwan. Pourtant elle n'était pas pudique, loin de là, mais ... Elle ne savait pas l'expliquer, le fait de simuler ce genre d'acte la gênait. Elle se voyait déjà en parler à Psyché, sans citer de nom. Elle allait être jalouse.
...
Bon elle rouvrit son ordinateur. Elle aimait bien cette petite jalousie chez sa copine. Elle ne venait jamais la titiller volontairement, sachant combien c'était désagréable qu'on vienne jouer avec sa possessivité, mais tout de même... C'était sympa de se sentir demandée.
Elle voulut redonner une chance au café pour se motiver à finir de lire la scène mais grimaça à nouveau, langue tirée. C'était froid et pas bon.
Elle leva la main, interpellant le serveur.
- Excusez-moi, je pourrais avoir un café crème finalement ?
Puis, interloquée, elle demanda :
- Et je peux vous demander pourquoi vous n'avez toujours pas mis vos installations de Noël ?
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Alors que les clients se succèdent de manière interminable, je continue à me concentrer sur mon travail. J’essuie cette énorme vague de clients sans broncher, mais non intacte.
Mon esprit est fatigué. J’ai besoin de faire quelque chose qui me décharge de toutes les commandes que j’ai dû faire et de toute la charge émotionnelle qu’ils m’ont tous déposé. Je sens que pour ce soir, je suis bon pour une bonne séance de hand … Je sens que lancer une balle à pleine puissance me fera du bien.
Je décide alors de tester le café dans le moulin, parce que dehors, il s’est mis à pleuvoir. Le climat, les intempéries et la météo en général affectent beaucoup le goût du café. Ça parait surréaliste, mais c’est vrai. Parfois il faut tester le café plusieurs fois par jour si la météo change plusieurs fois.
Je mouds du café du batch de la journée et le mets dans un filtre qui va dans le V6 puis je fais chauffer l’eau et attends. Je peux sentir la pression sur ma colonne vertébrale et mes épaules… Un frisson me les fait ressentir.
Enfin, l’eau est chaude, j’attrape la bouilloire spéciale et fait des cercles dans le café de manière délicate pendant que le jus se décante en dessous. Quand enfin, j’ai fini, je m’en verse un fond de verre que je me vide en bouche avant de jouer avec.
C’est amer. Bien trop amer pour qu’on sente des notes de quoi que ce soit. Il faut le remplacer. Je tend un fond de verre à mon vieux dans le silence, pendant qu’il nettoie la surface. Je le regarde jouer avec en bouche puis grimacer. Okay. Je ne suis pas fou. Je vais changer.
Je sors de derrière le comptoir et vais chercher un seau scellé de café. C’est alors que je vois la Karen lever la main et me demander:
- Excusez-moi, je pourrais avoir un café crème finalement ?
Je lui jette un coup d’oeil et m’arrête devant la machine.
- Bien sûr. J’vais juste te demander de venir au comptoir pour régler.
Je pose le seau entre mes jambes, par terre et commence à passer la commande. Un crème donc… Je lui avance la machine pour qu’elle règle et vais vers mon moulin pour ne pas le vider complètement dans une contenant vide avant de compléter avec le nouveau café.
- Et je peux vous demander pourquoi vous n'avez toujours pas mis vos installations de Noël ?
Alors que je remets le moulin sur son socle et qu’il mélange les grains, je me retourne vers elle et regarde le café avant de passer le regard de l’autre côté de la rue, vers la petite boutique de thé dont les employés viennent ici pour leur café.
- On en a mis. Juste pas énormément parce qu’on souhaite garder une décoration très discrète. On manifeste la période de Noël dans nos produits, comme les cookies spéciales, le stollen, le pain, la soupe et les cakes...Et la musique parfois. On a pas besoin de plus. Tu veux goûter un truc pour voir?
T’es peut être une chieuse, mais toi aussi t’as le droit de découvrir le Corner House. J’esquisse un petit sourire et finit par faire couler un expresso avant de le goûter à la cuillère.
… Nettement mieux. L’amertume a disparu. Le café a des rappels de chocolat et de noisettes…
Immédiatement, j’en sors une autre dose que je fais couler dans une tasse pour son crème et fait chauffer le lait à la buse qui vrombit dès que je la mets en action. La fumée s’en échappe… Le lait épaissit et devient crémeux.
Pour éliminer l'excédent d’air, je tape le petit broc sur le plan de travail et me mets dans la tasse en faisant d’amples cercles puis vers la fin , je fais le dessin. Un petit cygne sur une mousse bien fluffy et bombée au-dessus de la tasse. Je la pose sur une soucoupe, satisfait et lui apporte à la caisse.
- Regarde-moi ça, dis-je contente de lui fournir une si belle tasse de café.
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- On en a mis, lui répondit le barman de l'autre bout du comptoir.
Kassie plissa les paupières, essayant de trouver les dites décorations. Il y avait bien deux mini sapins qui se battaient en duel, mais rien de bien interpellant.
Elle se leva pour se diriger au comptoir, là où se trouvait le barman. Il avait l'air de déjà lui préparer sa boisson. Elle jeta un coup d'oeil à son ordinateur, s'assurant qu'il était bien en sécurité. Le café avait le mérite d'avoir une clientèle assez tranquille. Elle chercha sa carte bleue, grimaça en pensant à son compte bancaire dans le négatif.
- Juste pas énormément parce qu’on souhaite garder une décoration très discrète. On manifeste la période de Noël dans nos produits, comme les cookies spéciales, le stollen, le pain, la soupe et les cakes...Et la musique parfois. On a pas besoin de plus. Tu veux goûter un truc pour voir?
Elle observa la vitrine avec les pâtisseries. Il était vrai qu'elles étaient alléchantes. Mais Kassie avait déjà pris trois bons kilos en trois semaines depuis sa relation avec Psyché. Ca lui était favorable car elle avait maigri à vue d'oeil depuis le mois de septembre. Elle portait moins sa peau sur les os, et semblait en meilleure santé que les derniers mois. Mais elle son personnage de Laz avait besoin de garder la même silhouette pour la série et Kassie ne voulait pas se risquer dans les excès.
De plus, elle n'avait plus un rond, elle ne pouvait pas se permettre une dépense supplémentaire.
- Non merci, déclina-t-elle poliment. Je n'ai pas assez faim.
Elle paya sa consommation alors que le barman lui désigna son café.
- Regarde-moi ça, dit-il fièrement.
Kassie regarda... un café. Un petit cygne était dessiné sur la mousse. Kassie était surprise de découvrir de la mousse dans son café. Elle avait demandé un crème, pas un cappuccino. Il s'était pas trompé au moins ?
Malheureusement pour le serveur, le cygne n'impressionna pas la blonde. On vivait dans un monde de m'as-tu-vu. Elle avait déjà aperçu de plus jolis décorations de café sur les réseaux sociaux.
- Ouais c'est du caf...
Elle se tût. Le blondinet avait l'air profondément satisfait de ce qu'il lui avait préparé. Ca serait dommage de le blesser stupidement. Kassie lui adressa alors un sourire.
- C'est super.
Elle porta la tasse à ses lèvres mais grimaça aussitôt. C'était chaud. Qu'elle idiote de vouloir boire tout de suite.
D'humeur bavarde, et trop fainéante pour continuer de travailler, elle reprit la conversation :
- Et pourquoi une décoration aussi discrète vous suffit ? Vous n'aimez pas Noël ?
Edelweiss Wintenberger
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- Ouais c'est du caf…
Ils disent tous ça. Clairement, elle ne s’y connait pas en café.
- C'est super.
Sa rectification fait naître un sourire au coin de mes lèvres. C’est qu’elle serait pas complètement tarée dis-donc. Il y aurait donc un cœur et un cerveau qui pensent à l'intérieur de ce corps?
Alors qu’elle se brûle avec sa boisson, je souffle un petit rire et lui met un cookie dans un sachet en papier que je lui tend.
- Tiens. Cadeau. Tu goûteras chez toi si tu veux et tu me diras si t’aime… ou pas.
Comme dit plus tôt, je ne fais pas de cadeaux à tout le monde. Je choisis à qui j’en fais et pour ça, je sollicite mes guts. Si elles me disent que ça en vaut la peine, je le fais. Parfois la personne en face ne m’inspire pas forcément quelque chose de positif, mais je le fais quand même, parce que je le sens. Bah là c’est pareil. Je le sens.
C’est pas motivé par un sentiment de réciprocité. C’est juste moi.
- Et pourquoi une décoration aussi discrète vous suffit ? Vous n'aimez pas Noël ?
Je fais une moue et croise les bras en réfléchissant.
C’est vrai que les autres mettent plus de décorations. C’est vrai que c’est joli. Mais ça m'emmerdait que les gens entrent juste à cause du physique du café et pas pour ce qu’il vaut vraiment. Puis, j’ai pas cette culture là, de décorer parce qu’en Afrique, y’a pas ça, c’est qu’en Europe que j’ai appris ça.
J’avoue que je trouve ça con de tuer un arbre pour l’habiller. C’est comme si tu tuais quelqu’un uniquement pour avoir le plaisir de l’habiller avant de l’enterrer. C’est un peu morbide.
- Bah, commencé-je en me frottant la tête. C’est pas vraiment ça.Comme dit, on a des produits d’hiver qui renvoient à la saison. Mais la décoration… Ça n'a jamais fait partie de nos préoccupations. Ici on vend du café de qualité et c’est autour de ça que le lieu tourne, pas autour de Noël. On veut pas que les gens entrent pour la déco, mais pour c’qu’on fait tous les jours.
Je hausse les épaules et me retourne pour me faire couler un verre d’eau.
- Si les gens veulent de la décoration plus que du café: ils sont libres d’aller au Starbucks du quartier. Mais c’est certainement pas ici qu’ils trouveront des guirlandes et des animations de Noël.
Je vide mon verre d’une traite et me mets à faire la vaisselle avant de la mettre dans une panière que je mets à la machine avant de la démarrer. Puis dans la foulée, je remarque que la musique s’est arrêtée, alors je reviens à la caisse pour chercher une nouvelle playlist que je mets en marche avant de baisser le son pour que ça ne reste qu’un bruit de fond. Suite à quoi je soupire et en la voyant devant moi, j’ai un temps d’arrêt et lui sourit simplement. Une façon de lui dire que malgré tout ce que j’ai à faire, tout ce que je fais: je reste à sa disposition…
… Jusqu’à ce qu’un client passe la porte.
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Thomas & Kassie
Kassie zieuta du coin de l'oeil son ordinateur portable qui occupait une place dans le café. Le lieu était assez calme et peu peuplé, heureusement. Elle le regardait de loin, avec un air de défi. Ca la déprimait ces recherches d'appartement. Si elle voulait se payer un bon appart', elle allait devoir se mettre en colocation, à tous les coups.
Un gâteau dans un sachet apparut dans le champs de vision de la blonde.
- Tiens. Cadeau. Tu goûteras chez toi si tu veux et tu me diras si t’aime… ou pas.
Kassie fronça les sourcils. Elle était désagréable et il lui offrait un cookie ? Il essayait de la draguer ou quoi ?
Elle trempa à nouveau ses lèvres dans la mousse du café, qui tiédissait progressivement. Elle adressait au serveur un regard suspicieux. Son type de fille c'était les bisexuelles agressives ? Drôle de gars, sérieux.
- Bah, dit-il en réponse à sa question.
Il se grattait bêtement la tête. D'une certaine façon, il lui faisait penser à Ethan, ce blondinet-là.
- Bah ?, l'encouragea-t-elle en s'essuyant la bouche.
- C’est pas vraiment ça. Comme dit, on a des produits d’hiver qui renvoient à la saison. Mais la décoration… Ça n'a jamais fait partie de nos préoccupations. Ici on vend du café de qualité et c’est autour de ça que le lieu tourne, pas autour de Noël. On veut pas que les gens entrent pour la déco, mais pour c’qu’on fait tous les jours.
Kassie plissa les paupières, peu convaincue. Lui, il se fit couler un verre d'eau, l'air de rien.
- Si les gens veulent de la décoration plus que du café: ils sont libres d’aller au Starbucks du quartier. Mais c’est certainement pas ici qu’ils trouveront des guirlandes et des animations de Noël.
Il poursuit son travail tandis qu'un client entre. Elle le laissa s'occuper de lui mais abandonna ses consommations au comptoir. Elle s'en alla prendre son ordinateur et son chargeur afin de laisser la place au nouveau venu. Elle installa son bordel sur la surface, fermant l'écran de son ordinateur sur son clavier. Elle ne voulait pas que le scénario des Enfants de l'Aube soit à la vue de tous. Elle prit une nouvelle gorgée de café.
- C'est complément con ce que tu dis. Les gens n'entrent jamais, ou très peu, dans un endroit pour les décorations de Noël. Ceux qui boivent Starbucks vont à Starbucks qu'importe la saison, parce que c'est leur façon de consommer. Ceux qui aiment les cafés indépendants, vont dans des cafés indépendants, qu'importe la saison. Si tu veux mon avis, et même si tu le veux pas, tu perds des clients en ne décorant pas. La boisson est pas dégueu, mais je ne reviendrai pas, tu m'as pas convaincu avec ta déco toute triste là.
Je baisse les yeux vers ma tasse. Le cygne a disparu. Je repense à cette légende qui dit que les cygnes n'ont qu'un partenaire pour la vie. Ca me fait doucement sourire. Je suis loin d'être un bel oiseau blanc. Je ne suis pas un cygne, je suis le pigeon du coin. Je pousse un soupir et finit la boisson d'une traite. Je ne supporte pas le café froid.
- T'as quel âge ? 22 ans ou 23 ? C'était ton rêve d'être serveur dans un café ?
Elle ne savait pas pourquoi elle faisait la discussion. De la procrastination, sûrement.
Edelweiss Wintenberger
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- C'est complètement con ce que tu dis. Les gens n'entrent jamais, ou très peu, dans un endroit pour les décorations de Noël. Ceux qui boivent Starbucks vont à Starbucks qu'importe la saison, parce que c'est leur façon de consommer. Ceux qui aiment les cafés indépendants, vont dans des cafés indépendants, qu'importe la saison. Si tu veux mon avis, et même si tu le veux pas, tu perds des clients en ne décorant pas. La boisson est pas dégueu, mais je ne reviendrai pas, tu m'as pas convaincu avec ta déco toute triste là.
… Ses mots sont tels de l’huile qu’on verserait sur un feu qui s’endort à peine.
Des clients j’en croise plein, mais des clients qui ont le toupet de venir m’apprendre mon métier: j’en croise pas tous les quatres matins. Cette meuf à une connaissance du monde du café aussi énorme qu’un grain de moutarde et sa logique est aussi bancale qu'elle-même.
Si les gens n'entrent pas dans les endroits à cause des décorations de Noël, comment est-ce qu’elle explique l’augmentation du nombre de personnes qui rentrent dans les magasins et boutiques en tout genre? La décoration joue un rôle, c’est un fait. Elle attire l'œil et pousse les gens à se dire “ tiens, c’est joli ici, y’a quoi?”. C’est pas pour rien que les commerçants décorent leur vitrine à fond les caisses.
Et Starbucks… Que dire. Une façon de consommer? Vraiment? … Oui peut-être. Une façon de consommer de la merde pas cher, ou le café est produit en masse, où les gens sont très mal payés et exploités. Où on nique les gens et le café dans tous les putain de sens. Puis elle me fait rire la blondasse: Starbucks qui attire pas avec sa déco de Noël? Laissez moi rire. Ça plus leur café à la citrouille hyper cher qui n’est au final, pas un café… C’est l’arnaque du siècle. Un attrape-pigeon. Voilà, c’est ça: la blondasse est un pigeon.
Quant aux cafés “indépendants”, comme elle aime le dire: elle n’a pas tort. On a notre clientèle qu’importe la saison justement PARCE QU’ILS EN ONT RIEN A FOUTRE DE LA DÉCO. C’est le café qu’ils aiment alors ça sert à quoi d’être hypocrite et de changer le cadre et l’atmosphère qu’une majorité aime comme elle est? A rien. A part faire parler les Karens.
Les cafés de spécialité n’ont pas peur de ne pas avoir de nouveaux clients pour la simple et bonne raison que tant qu’il y aura des chercheurs de bon café, il y aura toujours du monde dedans. Je sais que si quelqu’un cherche un bon café et qu’il cherche sur le net, il tombera vite sur notre adresse… Parce que c’est un lieu qui existe depuis des générations et qui est réputé. Et que si une chieuse entre pour faire chier: elle ne reviendra pas parce qu’ici, on ne donne pas d’eau à ce genre de mauvaise herbe.
Je souris en l’entendant parler et alors que je vérifie ma caisse, je lâche plein de sarcasme:
- Quel dommage. Tu m’en vois navré.
Je la referme, et regarde l’heure à mon poignet. 17h30. C’est l’heure de fermer les boissons au café. Il faut nettoyer la Marzzoco, alors dans mon seau spécial, je fais couler de l’eau bouillante de la fontaine à eau chaude qu’on utilise pour les thés et fait tremper mes filtres dedans en ajoutant un produit spécial.
Après quoi je me mets à vider les moulins à café; je remet le café dans les seaux et débarrasse les machines de tout le café moulu coincé dans les sillons des machines, à l’aide d’un pinceau.
- T'as quel âge ? 22 ans ou 23 ? C'était ton rêve d'être serveur dans un café ?
- T’en pose des question dis-donc, rétorqué-je en riant.
J’arrive pas à comprendre ce qu’elle essaye de faire. J’avoue que ça ne me gêne pas qu’elle me parle, mais si dans les minutes qui viennent , elle continue à me chauffer, je vais l’envoyer bouler sévère la blondasse. Et cette fois, je mâcherais pas mes mots et je ne serais pas aussi bienveillant.
Ce doit être le genre de fille qui m’aurait fait perdre la tête si elle s’était pointée aux urgences pour qu’on la soigne. Je l’aurais sédaté pour qu’elle ferme sa gueule puis je l’aurais soignée… Quoique … C’est pas très possible de faire ça si on veut clairement observer des résultats. Voilà pourquoi je veux pas être médecin: faut dealer avec des casses-couilles qu’on doit chouchouter comme des rois alors que c’est juste des cons.
- J’ai 28 ans. Et oui; c’était mon rêve de devenir barista dans le café de spécialité de ma famille qui existe depuis des générations, dis-je d’une traite. Fin’… J’suis pas juste “barista”, mais bon… Puis avant ça, j’étais toubib, mais c’est une autre affaire.
Alors que je lui crache ça avec nonchalance, je fini de nettoyer la Marzzo’ et remet les filtres tout propres à leur place. Entre temps j’ai aussi eu le temps de purger les buses. Alors que mon compère se met à avertir les clients qu’ils devront quitter les lieux dans 5 minutes, je le vois ranger la vaisselle qu’il a faite et ramasser celle des derniers clients.
Pas de pression.
- Et toi? T’as quel âge? C'est quoi ton nom? Et c’est quoi ton rêve en dehors de m’apprendre mon métier? rié-je.
Bientôt le barista laissera place à Maes. Ce sera moins drôle pour toi blondinette. Tu vas tomber sur un os.
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Edelweiss Wintenberger
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Thomas & Kassie
- T’en pose des question dis-donc, sourit-il.
Kassie leva les sourcils, surprise. Etrange de voir qu'il pouvait avoir des airs sympathiques. Elle se demanda quand même ce qui poussait deux êtres comme eux, qui semblaient n'avoir aucune appréciation l'un envers l'autre, à continuer à converser. C'était la triste magie de New Amsterdam, peut-être. On avait tendance à s'enfoncer dans la merde plutôt que l'ignorer. Le chaos appelait le chaos.
La blonde se contenta de hausser les épaules et sortit son téléphone, faisant un rapide tour des réseaux sociaux et écoutant d'une oreille le serveur.
- J’ai 28 ans.
Mh, il faisait plus jeune. Le côté café peut-être.
- Et oui; c’était mon rêve de devenir barista dans le café de spécialité de ma famille qui existe depuis des générations. Fin’… J’suis pas juste “barista”, mais bon… Puis avant ça, j’étais toubib, mais c’est une autre affaire.
Kassie leva les yeux de l'écran de son téléphone. Il commençait vraiment à raconter sa vie. C'était pas surprenant qu'il fut médecin par le passé. On avait tous des vies multiples et antérieures dans la capitale. Kassie avait été une princesse avant d'être une contrebandière, puis actrice. Alors ce type pouvait bien avoir été médecin avant d'être barista. Il serait sûrement, d'ici quelques années, encore autre chose. A New Amsterdam soit tu bougeais, soit tu crevais d'immobilité. C'était ce qui avait failli arriver à son père.
- Et toi? T’as quel âge? C'est quoi ton nom? Et c’est quoi ton rêve en dehors de m’apprendre mon métier?
Il restait jovial, ce qui surprit Kassie. Elle ne renvoyait pas une attitude propice à la conversation. Elle se prêta tout de même au jeu et raconta, tout en rangeant son ordinateur portable dans son sac :
- Je m'appelle Kassie. Et je rêve de partir de New Amsterdam.
Elle en avait fait la promesse à Aevyn, d'ailleurs. Elles avaient moins d'un an pour se barrer de là, en toute sécurité. Kassie commençait à mettre des pions sur son échiquier d'ailleurs, mais elle avait la sensation que sa meilleure amie était moins motivée.
Kassie tapota un texto à Psyché, lui proposant de se rejoindre devant ce café pour se voir. Elle se fit une raison : elle n'aurait jamais un appart de cette façon, et le café allait fermer. Adieu les occupations.
- J'ai joué dans des pièces, ici et là. Enfin jouer c'est un bien grand mot.
Kassie se leva de son fauteuil et rangea son téléphone, elle avait une dizaine de minutes avant l'arrivée de sa copine. Puis elle regarda le barista de plus près. Il était plutôt beau garçon. Pas trop le type de Kassie, mais il n'était pas vilain. Certes, il avait agacé la blonde, mais il avait le mérite d'avoir du répondant. Ancien médecin, cela signifiait qu'il avait fait des études. Mh, il pourrait presque plaire à Aevyn, non ? Kassie n'aimait pas trop la tournure que prenait sa meilleure amie avec les garçons. Elle était passée de la Grande Vierge Sacrée à la pute du coin. Sérieusement, elle couchait avec n'importe qui. Si Kassie pouvait essayer de lui trouver un type plutôt correct, ce ne serait pas de refus.
Kassie hésita, puis finalement posa ses bras sur le comptoir qui la séparait du barista. Elle se pencha en avant et prit une expression de confidences.
- Et est-ce qu'un beau barista comme toi est célibataire ? Je t'arrête tout de suite, je suis maquée. Mais j'ai une meilleure amie hyper cool qui a un petit penchant sur les types qui travaillent derrière un comptoir ...
Kassie laissa la fin de sa phrase flotter, pour un peu de suspens. Elle omettra de préciser que cette dite meilleure amie avait un bras en moins...
"Maes" Thomas.C Gallagher
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- Je m'appelle Kassie. Et je rêve de partir de New Amsterdam.
Baaaaah… J’étais pas loin hein. Kassie… Kasse-pieds. C’est proche hein. Mais n’empêche que la demoiselle a un rêve et elle n’a pas hésité à me le faire connaître. Quelqu'un de sage cache son rêve pour l’accomplir en secret avant de le laisser briller lorsque tous les morceaux de ce rêve sont assemblés.
Mais quelqu’un de désespéré l'expose dans l’espoir que quelqu’un lui ouvre une porte, par chance. Au cas où. On ne sait jamais. Finalement, la blondasse n’est pas si inhumaine… Mais sûrement exténuée de sa longue course à la recherche de son Graal.
J’opine du chef pour accuser l'information.
- J'ai joué dans des pièces, ici et là. Enfin jouer c'est un bien grand mot.
Donc elle est artiste. La vie d’artiste, comme disent certains. Voilà un train de vie qui explique son côté névrosé. Je serais pas contre lui foutre un gramme de Xanax dans son café la prochaine fois. Juste pour qu’elle se détende un peu?
Mon compère abaisse le rideau de fer à moitié tandis que je continue à débarrasser la vitrine des produits non vendus. Je les place dans des lunch box que je donnerais aux sans abris que je croiserais.
Alors que j’astique les étagères en verre du garde-au-frais elle me lance ça:
- Et est-ce qu'un beau barista comme toi est célibataire ? Je t'arrête tout de suite, je suis maquée. Mais j'ai une meilleure amie hyper cool qui a un petit penchant sur les types qui travaillent derrière un comptoir …
Je me fige et mes yeux la fixent avec un sourire qui veut dire “tu joues à quoi là?”
Y’a deux secondes, elle me sautait à la gorge pour un simple tutoiement et voilà que là: elle veut me maquer. J’ai très envie de rire.
- A parce que maintenant j’suis beau, marmonné-je à moi-même en baissant les yeux vers mon chiffon que je replie.
Franchement… J’ai pas besoin qu’on me le dise. Je sais que j’suis beau. Enfin… J’suis pas moche. Parfois les gens me disent que j’ai un look un peu androgyne, à causse des longs cheveux. Mais en général, les filles kiffent plutôt ça. Mais pour c’que j’en ai à faire de leur avis.
… J’ai les cheveux longs pour un souci qui n’a rien à voir avec la beauté ou le style.
Et pour tout vous dire, jsuis pas intéressé par les filles de cette ville. Elles sont très voire trop compliquées. Puis quand on parle avec Kassie et qu’elle vous dit qu’elle a une meilleure amie hyper cool… J’ai des doutes.
Si elle est aussi cool que son amie: alors je préfère me torcher le cul avec de la paille de fer, plutôt que de me retrouver coincé avec une nana qui me fera chier et que je finirais par faire pleurer sans aucune once de pitié.
Egalité des sexes ma gueule.
- Ah ouais, rié-je doucement.
Moi j’ai un penchant pour ma liberté et mes projets.
- J’croyais que j’étais irrespectueux. C’est un peu limite de présenter des connards à ses amies… Surtout à ses meilleures amies, nan? Qui plus est: un connard sans wifi qui, visiblement, connait rien à son taff et le fait mal, si je me rappelle bien… Limite-limite hein.
Je plisse un sourire plein de sarcasme. Non ma grande: j’ai rien oublié.
Alors que mon associé fait ses dernière tâche, je referme quelques boîtes et les pose sur le comptoir. Lorsque je le vois enfiler sa veste pour partir, je note son heure de départ sur un coin de ma main et pousse quelques boîtes vers lui.
- Oublies pas… Tiens, dans ces boîtes t’as les salades et là , t’as les gâteaux … Prends c’que tu veux et si tu veux rien: prends-en quand même pour les donner aux sdf que tu croiseras. Merci pour la journée, mec. A demain!
Il me fait un pouce en l’air avant de fermer son zip et d’embarquer trois boîtes avant de partir. Je pousse un grand soupir et me penche enfin sur la caisse pour faire le compte.
Il y a un moment de silence - faut que je me concentre un peu pour compter et comprendre comment on a géré la thune aujourd’hui, sinon…
Puis quand tous les comptes sont ronds, je reporte tous les chiffres sur un rapport avant de le diviser dans des pochettes différentes.
- Au fait, pourquoi t’avais besoin du wifi? T’as pu faire c’que t’avais à faire? dis-je en fourrant le tout dans mon sac.
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Thomas & Kassie
Kassie eut un sourire. Psyché était en chemin. Par réflexe, Kassie tendit le cou vers la fenêtre, tentant d’apercevoir la chevelure aux reflets roux de sa copine. Elle avait des palpitations dans le cœur juste à l’idée de savoir qu’elle n’allait pas tarder à revoir sa petite-amie. Est-ce qu’elles se baladeraient après, sous les illuminations de Noël ?
- A parce que maintenant j’suis beau, répliqua Thomas, tirant Kassie de sa rêverie.
- Bah, y’a pire, répliqua-t-elle en haussant les épaules, les yeux rivés sur son téléphone.
Quand le serveur tournait le dos pour astiquer ses verres, il fallait reconnaître qu’il avait un beau petit cul. Il lui faisait penser à celui de Rowan, celui qui avait osé défleurer Aevyn. Le genre de petit cul qu’on avait envie de fesser. Ca correspondait bien aux goûts d’Aevyn. Beau fessier derrière un comptoir, c’était un bon parti pour la meilleure amie de Kassie.
- J’croyais que j’étais irrespectueux. C’est un peu limite de présenter des connards à ses amies… Surtout à ses meilleures amies, nan? Qui plus est: un connard sans wifi qui, visiblement, connait rien à son taff et le fait mal, si je me rappelle bien… Limite-limite hein.
Kassie leva les yeux de son téléphone, l’œil rieur. Le type avait de la répartie et de l’auto-dérision. Enfin des qualités, elle allait commencer à désespérer Kassie.
- On fait avec ce qu’on a sur le marché, que veux-tu, lui répondit-elle, acerbe, quoique amusée.
Bon, il n’avait pas l’air de vouloir de sa Aevyn. En même temps, Kassie ne savait plus trop comment présenter cette dernière : une grande blonde, pas très féminine, qui vivait dans les bas-quartier et, au fait, petit détail, elle n’avait qu’un seul bras.
Le serveur posa des boîtes sur le comptoir, devant Kassie.
- Oublies pas… Tiens, dans ces boîtes t’as les salades et là , t’as les gâteaux … Prends c’que tu veux et si tu veux rien: prends-en quand même pour les donner aux sdf que tu croiseras. Merci pour la journée, mec. A demain!
Kassie roula les yeux. Il l'agaçait ce serveur. Elle n'aimait pas son petit numéro de bon samaritain qui ne faisait pas comme tout le monde. Pas de déco de Noël, ça tire sur les Starbucks, et ça donne des repas aux sans-abris. Kassie avait l'impression d'être dans une télé-réalité sur comment le Corner House est trop un bon café hyper sympa et bienveillant.
- Au fait, pourquoi t’avais besoin du wifi? T’as pu faire c’que t’avais à faire?
Kassie avait envie de lui dire « ça te regarde ? », et en même temps il avait été globalement avenant alors qu’elle s’était comportée comme une pimbêche. Elle pouvait au moins lui accorder ça.
Elle vérifia que ses affaires étaient bien rangées et se rapprocha de la porte, guettant sa copine. Elle poussa un soupir.
- Mon voisin est pas là aujourd’hui, donc pas de wi-fi. J’ai pu faire ce que je voulais, et en même temps non.
Elle ne voulait pas lui dire qu’elle n’avait pas trouvé d’appartement. Cet échec commençait à l’agacer. Elle en avait marre de l’humidité de son bateau, ça la faisait tousser. Ou c’était la cigarette peut-être.
Elle croisa les bras, le dos calé contre la bordure de la porte. Elle s'impatientait. Peut-être devait-elle attendre Psyché dehors plutôt qu'ici ? Et en même temps, il faisait froid dehors.
- Tu me fais doucement rire. Tu donnes l'impression d'être tout gentil derrière ton comptoir, mais la vraie gentillesse ça n'existe pas. Elle m'énerve, ton image de type hyper sympa, tellement elle est fausse.
Pas très bonne idée de s'énerver avec le serveur alors qu'elle abusait de la chaleur du lieu.
Puis elle vit au loin sa copine, enfin ! Elle lui fit signe pour qu'elle la rejoigne à l'intérieur.
"Maes" Thomas.C Gallagher et Le Vrai Prophète
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- Mon voisin est pas là aujourd’hui, donc pas de wi-fi. J’ai pu faire ce que je voulais, et en même temps non.
J’opine du chef en l’écoutant tandis que je passe la commande pour demain. Je tend le cou pour vérifier combien de bouteilles de jus il nous reste… Et je commande en conséquence.
- Tu me fais doucement rire. Tu donnes l'impression d'être tout gentil derrière ton comptoir, mais la vraie gentillesse ça n'existe pas. Elle m'énerve, ton image de type hyper sympa, tellement elle est fausse.
- Sauf que jsuis pas gentil. J’ai jamais dit que je l’étais.
J’envoie la commande et je croise les bras en soupirant. Franchement elle me gave cte conne là. Elle n'a rien de bon à dire. Ça me gave. J’ai pas que ça à faire.
Pourtant je vais rester très calme. Ma journée est officiellement terminée, je n’ai plus d’obligation envers qui que ce soit. C’est le moment de s’amuser pour Maes.
Je remonte et attrape mes affaires avant de redescendre. Je pose mon casque de moto à mes pieds pendant que j’enfile ma veste de motard en faisant toutes les pressions.
- J’suis pas intéressée par ton amie, ni par l’idée de rencontrer qui que ce soit en fait.
Ensuite, j’attrape mon sac à dos et le passe sur mon dos. D’un coup, mon look passe de “gars de la ville” à “motard tout noir”. J’adore jouer avec mon style. Parfois j’aime me comparer à un kinder surprise. Marron dehors et balance dedans. Sauf que dans la vie, j’suis plus noir dedans et blanc dehors… A tous les niveaux. Prenant le télécommande de la grille pour la relever histoire qu’elle capte je dis:
- Et franchement j’en ai rien a foutre de c’que tu penses de moi. Si tu veux pas me voir: la porte est là, tu peux la prendre et dégager de chez moi.
Alors qu’une fille pousse la porte, mon visage se raidit. Quel client aveugle ne peut pas voir que ça ferme là tout de suite? Vraiment? Y’a écrit que c’était fermé et tout est éteint. Putain c’est quoi ce monde de gogoles là?
- Tout va bien Kassie?
Mon visage s’illumine. Quelqu’un est venu la chercher! Enfin!
- Salut! J’vais fermer, mais si c’est elle que tu viens chercher c’est tout bénef!
J’appuie sur la télécommande à nouveau et la pousse doucement dehors avant de fermer à clé. Bon timing. Génial.
- Désolé de vous pousser dehors comme ça, dis-je gentiment et calmement à la nouvelle fille qui vient d’arriver. Mais… J’ai une vie et ça fait trentes minutes que j’aurai dû y aller.
En lui disant ça j’enfile mon casque. Il a le don de très bien protéger le crâne, mais aussi d'étouffer un peu le son environnant. Ce qui m’aide à me concentrer un peu plus.
Je remonte la visière, et tâtes les poches de mon jeans à la recherche de mes clés de moto, et quand je les ai trouvées, je me tourne vers la blondasse.
- Pour répondre à ta dernière incisive, à nouveau, euuuuuh… T’as le droit de pas me kiffer, mais si toi t’aime être une peau de vache grand bien te fasse à toi pas à moi, ok? Donc la prochaine fois va au Starbucks et évite de me faire la morale chez moi et regarde-toi dans un miroir avant de dire que les autres ont une paille dans l'oeil parce que toi t'as une grosse poutre dans chaque oeil.
Je me mets à reculer un peu en sautillant. A la manière d’un ado. J’vais rejoindre ma bécane et ma journée sera de nouveau on track.
- Sur ce: moi j’fais pas garderie. Ciao.
La grille a fermé. Tout est bon, je me met à trottiner rapidement vers l’endroit où se trouve ma moto avant de grimper dessus, d’enfoncer la clé et de faire vrombir le moteur. Putain! Ça c’est agréable bordel! Je débauche et passe devant elle en leur faisant un joyeux coucou, avant de rabattre la visière, d'accélérer et disparaître.
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Thomas & Kassie
- Sauf que jsuis pas gentil. J’ai jamais dit que je l’étais.
- C'est l'image que tu fais semblant d'avoir j'ai dit, rétorqua Kassie derechef, bras croisés.
- J’suis pas intéressée par ton amie, ni par l’idée de rencontrer qui que ce soit en fait.
Kassie souffla, agacée. Heureusement, Psyché débarqua. Elle était toute jolie dans son manteau. L'hiver ça lui allait à merveille. C'était une saison qui l'embellissait. Kassie n'aimait pas trop l'hiver, parce qu'elle n'avait que des vêtements d'été. A part le bonnet d'Ethan et les gros pulls tâchés de son père, Kassie n'avait rien. Des bas résilles, des crop top, des short en jean taille haute. Dommage que Psyché soit plus menue et plus petite que sa copine, parce que Kassie lui aurait bien piqué son pulls.
- Tout va bien, Kassie ?, lui demanda-t-elle en arrivant.
Kassie voulut avoir un élan d'affection à l'égard de sa copine, mais fut interrompue par le serveur.
- Salut! J’vais fermer, mais si c’est elle que tu viens chercher c’est tout bénef!
Kassie leva les yeux au ciel.
Il poussa le couple en dehors du café en se plaignant qu'il aurait dû partir. Kassie se retint de lui dire qu'elle aurait pu attendre dehors, et qu'il n'avait aucune raison de la laisser poireauter à l'intérieur. Décidément, elle ne comprenait pas ce serveur. D'un côté, il était sympa de laisser Kassie à l'intérieur alors que rien ne l'en empêchait, de l'autre il était tout bonnement insupportable.
- Pour répondre à ta dernière incisive, à nouveau, euuuuuh…
- Une incisive c'est une dent, abruti, le coupa-t-elle.
- T’as le droit de pas me kiffer, mais si toi t’aime être une peau de vache grand bien te fasse à toi pas à moi, ok? Donc la prochaine fois va au Starbucks et évite de me faire la morale chez moi et regarde-toi dans un miroir avant de dire que les autres ont une paille dans l'oeil parce que toi t'as une grosse poutre dans chaque oeil. Sur ce: moi j’fais pas garderie. Ciao.
Il s'approcha d'une moto. Les mecs à moto, c'était toujours des connards qu'aimait bien Kassie. D'ailleurs, elle se fit la réflexion que c'était le deuxième serveur à moto qu'elle rencontrait ces derniers temps. Sauf que Rowan, il avait été franchement sympa avec Kassie, contrairement à l'autre Raiponse.
Sentant que Psyché allait prendre la défense de sa copine, Kassie fit des pas en avant, vers le motard, pour prendre les devants. Elle se contenta de lui adresser un doigt d'honneur, visage furieux. Ca n'aurait servi à rien de parler, il était déjà parti l'idiot.
Kassie poussa un soupir, essayant de se détendre, puis se tourna vers sa copine.
- T'as fais super vite ! Merci.
Elle s'approcha de Psyché et déposa un baiser dans le coin de ses lèvres. Puis, elle attrapa son bras et progressivement, la ride du lion qui froissait son front s'envola, laissant place plutôt à un sourire.
- T'as quelque minutes devant toi pour qu'on se balade ? New Amsterdam n'est jolie qu'à Noël, ce serait dommage de ne pas en profiter.
Elle entraîna Psyché avec elle vers les rues commerçantes, là où les guirlandes brillaient le plus. Elle ne put s'empêcher de se dire qu'elle avait échoué dans sa recherche d'appartements. Il allait falloir qu'elle trouve une solution, quand même.
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