Hendrick avait du mal à contenir son excitation pendant tout le voyage. Prendre l'avion pour la première fois avait été une expérience inédite et fascinante. Il avait passé la plupart des heures les yeux collés au hublot, admirant les nuages cotonneux et les paysages lointains qui défilaient en dessous d'eux, hurlant à Ethan de regarder à chaque petite maisonnette qui défilait en contrebas. Même si l'avion privé d'Ethan était confortable et discret, le fait même de voler lui semblait incroyablement luxueux et aventureux.

En tout cas, il faisait beaucoup plus le malin qu’au décollage de l’avion. C’était en réalité l’une des choses qui l’avaient le plus terrorisé à l’idée de partir de New Amsterdam. Il avait été trois fois aux toilettes avant même de rentrer dans l’engin et avait serré si fort la main d’Ethan au décollage qu’il devait encore avoir mal aux doigts. Il devait avouer qu’il avait vraiment eu très très peur au début, collé dans le fond de son siège à cause de la gravité. D’ailleurs il disait ça comme s’il n’avait pas fait le même cirque à l’atterrissage… Il avait été à deux doigts d’avouer à son collègue qu’il l’aimait parce que bon, tant qu’à mourir, tout ça tout ça… Il aurait eu l’air bien malin une fois l’avion posé ! Comment rendre le séjour désagréable pour tout le monde…

Bref, à leur arrivée, la neige était venue déposer des flocons sur leurs visages. Hendrick s'était mis à rire en sentant les cristaux froids fondre sur sa peau, se sentant comme un enfant découvrant la magie de l'hiver pour la première fois. Il s’était bien évidemment roulé dedans et avait lancé une bataille de boule de neige avec Ethan -ce qu’ils referaient certainement plus tard connaissant les deux jeunes hommes.

Le chalet des parents d'Ethan, bien que grand, avait une atmosphère accueillante et confortable. Hendrick ne s’y sentait bien évidemment pas chez lui, même s'il ne pouvait s'empêcher de s'émerveiller devant la beauté des lieux. L’endroit était beaucoup plus grand que ce qu’il n’avait imaginé. En fait, il ne s’était jamais vraiment interrogé sur les moyens du blond, et cet endroit lui donnait une impression d’illégitimité qui lui donnait un peu le vertige.

Il avait déposé ses valises dans la chambre des invités, son regard parcourant la pièce avec curiosité et admiration. Tout semblait si parfait, si différent de son quotidien. Le fait que ce séjour ait été planifié pour la Saint-Valentin le faisait sourire intérieurement. Ça avait beau être un hasard, ça lui plaisait l’idée de passer la fête des amoureux avec le blond. Puis ça lui éviterait de brouiller du noir en recomptant toute ces Saint Valentin passé avec les mauvaises personnes et dans un mauvais cadre. Il savait qu'Ethan avait insisté pour tout régler, et il appréciait profondément cette générosité, même s'il aurait voulu contribuer à sa manière.

En entendant la voix d'Ethan depuis la porte entrouverte, Hendrick se retourna rapidement, ses yeux pétillant d'enthousiasme.

- Ça te dit un chocolat chaud avant d'aller sur les pistes ?

Hendrick secoua la tête à la positive. L'idée de skier pour la première fois le rendait impatient, mais l'offre d'un chocolat chaud avant de se lancer dans cette nouvelle aventure semblait parfaite.

- Oh, absolument ! Ça serait génial !

Il se précipita vers la porte, son sourire large et ses yeux brillants d'excitation. Les couloirs boisés du chalet ajoutaient une touche chaleureuse à l'ambiance, et il pouvait déjà imaginer la douce chaleur du chocolat chaud entre ses mains, contrastant avec l'air frais et vivifiant de la montagne.

- Je n'arrive pas à croire que je vais skier ! Merci encore pour tout ça, Ethan. Vraiment.

Dans un mouvement spontané, il glissa une main sur l’épaule de son collègue pour lui administrer un bisous affectueux sur le front, après s'être appuyé sur lui, se mettant sur la pointe des pieds. Il se sentit rougir et s’éloigna rapidement, faisant mine de récupérer sa veste qui était tombé du porte manteau de l’entrée tant il s’était précipité tout à l’heure.

Hendrick ne pouvait s'empêcher de se sentir reconnaissant. Ce séjour représentait non seulement une aventure excitante mais aussi une évasion bienvenue de la routine. Après le mois de décembre et de janvier qu’ils avaient eu tous les deux, ce break ne serait pas de refus.

Il était déterminé à profiter de chaque instant, à rire, à s'amuser, et à créer des souvenirs inoubliables avec son crush. Mais il devrait faire attention de ne pas déconner, il ne voulait pas perdre son amitié avec Ethan, sous aucun prétexte.

- De rien mon poussin ! Viens, on va dans la cuisine.

Hendrick ne put s’empêcher de sourire. C’était bête mais les petits surnoms que lui donnait Ethan le rendait toujours stupidement heureux. Il suivit son collègue dans l’escalier, juste content qu’il le prenne par la main pour le guider dans cette maison qu’il ne connaissait pas encore trop. Il s’imaginait les nombreux souvenirs que son ami avait dû se faire ici. Les cris de joie d’enfant qui court dans les escaliers, l’excitation de sortir sur les pistes de neige, le simple bonheur des vacances en famille. Ca le rendait heureux.

Hendrick aurait bien aidé son collègue à tout préparer pour un chocolat chaud mais il ne savait pas du tout où les choses étaient rangés, alors il le laissa faire, observant encore les lieux avec curiosité.

- Ah bah oui on a pas de lait... Je vais faire une commande de course !

Hendrick passa sa tête par-dessus l’épaule d’Ethan pour voir ce qu’il faisait, se portant sur la pointe des pieds. Ce dernier sélectionnait de la nourriture et des trucs de base qu’HHendrick aurait clairement pu oublier. Ce dernier rajouta des petits extra pas très utile mais essentiellement les trucs qui avait l’air marrant quand il regardait les produits. Puis lui rendit l’appareil.

- On pourra aller skier juste après du coup je pense, donc point leçon de ski ! Si tu veux avancer sur un terrain plat, imagine que t'es en train de faire du roller ou du patinage.

Hendrick secoua la tête avec vigueur. Il avait hyper trop hâte. Il n’était pas très au clair avec le roller ou le patinage, mais il était sûr que ça lui viendrait naturellement. Il était fait pour le sport Hendrick, ça le rendait simplement heureux parfois.

- Si tu veux aller vite dans une pente, il faut que tu te penches un peu comme ça, il plia ses genoux, pieds parallèles, le buste vers l'avant et les mains près du torse. Mais comme t'es débutant, je te conseille d'être penché mais pas trop. Et pour freiner...

Par mimétisme, Hendrick reproduit quelques gestes, la langue sortit sous la concentration, pour s’essayer déjà à ce qui l’attendait. Ce n’était que des esquisses un peu maladroites mais c’était sûr, autrement dans deux minutes, il aurait absolument tout oublié.

- Des questions ?

Hendrick éclata de rire en voyant Ethan faire le canard, à la fois amusé et un peu impressionné par sa façon d’enseigner, appréciant la démonstration impromptue. Il avait toujours admiré la manière dont son ami pouvait se montrer pédagogue et attentionné. Avec beaucoup trop d’enthousiasme, et le visage illuminé par ce qui les attendait sa seule question était :

- Quand est-ce qu’on y va ?!

Il se sentait totalement excité à l'idée de cette nouvelle expérience. Il n'était pas souvent sorti de New Amsterdam, n’avait jamais fait de ski, et le tout avec Ethan à ses côtés. C’était juste incroyable.

- T’es vraiment un bon professeur, Ethan, dit-il en riant encore légèrement, les yeux pétillants. Je pense que je capte, ça va être incroyable !

Evidemment Hendrick ne s’inquiétait pas de tomber, ça lui semblait si peu probable… Il préférait fanfaronner, avec enthousiasme :

- Je te le dis, à la fin de la semaine, l’élève aura dépassé le maitre !

Il bomba le torse, faisant le mariole, comme s’il se préparait à conquérir les plus hautes montagnes du monde. Hendrick se sentait bien ici, détendu, loin du stress quotidien. Cette escapade à la montagne était exactement ce dont ils avaient tous deux besoins.

Hendrick se dirigea vers la fenêtre de la cuisine, collant sa tête dessus pour observer la neige fraichement tombée qui recouvrait le paysage d’un manteau blanc. Les montagnes s’élevaient majestueusement à l’horizon, et il se surprit à imaginer Ethan dévalant les pistes, avec ce sourire qu’il arborait toujours, ou peut-être même un air sérieux comme celui qu’il avait lorsqu’il s’entrainait à tirer au commissariat. Il devait avouer qu’il était mort d’impatience d’aller s’amuser dehors. Il piétinait comme un enfant :

- Bon, alors, qu’est-ce qu’on attend ? Je suis prêt à dompter ces montagnes !

Il savait qu’ils attendaient les petites courses qu’ils avaient fait pour partir, mais la patience et Hendrick ça faisait vraiment deux. S’ils restaient dans le coin de toute façon, ça ne risquait rien non ?

- Oh je sais !

Il se précipita dehors, entrainant Ethan à sa suite et se jeta dans la neige pour faire un ange. Hendrick ne se préoccupait pas trop du froid ou du simple t-shirt qu’il portait et qui signifiait que ces bras étaient en ce moment en contact direct avec de la neige. Il était trop heureux parce qu’il n’y avait jamais assez de neige à NA pour vraiment pouvoir faire ce genre de truc. Ici, c’était incroyable, il y avait ça littéralement partout.

Le rire d'Ethan éclata dans l'air, et Hendrick ne put s'empêcher de rire à son tour, le dos couvert de neige. Cette joie simple, cette légèreté, ça le touchait plus qu'il ne l'aurait cru. Il y avait quelque chose dans ce son qui réchauffait son cœur, qui le ramenait à un bonheur simple qu'il n'avait peut-être pas connu depuis longtemps. Et voir ce sourire sur le visage d'Ethan, ce visage illuminé par la lumière douce qui se reflétait sur la neige, c'était un spectacle dont Hendrick ne se lassait pas. Ces vacances au ski, cette semaine ensemble dans ce chalet, c'était autant une aubaine qu’un réel danger. Il ne savait pas vraiment comment il pourrait refouler ces sentiments pendant une semaine complète.

Il était excité à l'idée de se mettre en tenue, de découvrir ce sport qui fascinait tant son ami. Ethan lui avait promis de lui montrer comment enfiler les bottes, comment fixer les skis. Hendrick ne doutait pas qu'il allait faire des merveilles sur les pistes, mais ce qui le faisait sourire, c'était l'idée de voir Ethan, si passionné, jouer les professeurs.
Puis, alors qu’il rêvassait innocemment dans la neige, Ethan se releva et courut vers un amas de neige. Il savait exactement ce qui allait se passer, mais avant qu'il ne puisse se préparer, une boule de neige s'écrasa contre sa jambe. Une lueur joueuse illumina le regard ambré du policier qui se redressa rapidement.

- Ha ha, je t'ai eu ! Mais tu m'auras jamais ! lança Ethan en sautillant de joie.
- C’est ce qu’on va voir !

Un sourire joueur se dessina sur le visage de Hendrick. Le jeu était lancé. Il observa Ethan courir maladroitement à travers la neige, laissant derrière lui une traînée de petites empreintes blanches. Hendrick ne perdit pas une seconde et se lança à sa poursuite. Ce dernier pénétra à l’intérieur du chalet, espérant peut-être se mettre à l’abri dans le chalet. Mais c’était mal connaitre Hendrick qui le poursuivait de près. Si ce dernier pensait qu’il s’en sortirait si facilement… Le rouquin était prêt à le transporter sur une épaule s’il le fallait, pour le balancer dans la poudreuse.

Mais Ethan restait bon joueur et décida de prendre la direction de la porte qui menait à l’arrière de la maison. Ahah ! Là, Hendrick pourrait faire des boules de neige, ça serait super ! Il se rendait compte qu’il allait avoir une semaine complète pour jouer dehors, et cette idée le ravissait vraiment. Il avait besoin de se dépenser.

Hendrick ne voyait pas sa tête blonde préférée à l’horizon. Il s’arrêta, troublé sur le pas de porte de l’arrière de la maison, regardant autour de lui, et ces yeux tombèrent finalement sur les empreintes qu’Ethan avait laissé et qui menait droit derrière un arbre. D’ici, il pouvait voir un peu de son coude et de son genou alors que ce dernier semblait se préparer à une nouvelle offensive. Qu’aurait fait Hadès dans cette situation ? Ces derniers temps, le rouquin se posait souvent cette question, depuis qu’il avait pris le nouveau compagnon de Piper comme modèle. Il avait beaucoup parlé de lui à Ethan, vantant ses diverses habilités et surtout sa grande gentillesse et sensibilité.

Bref, c’était sûr que son nouveau modèle aurait foncé sans se poser de questions. Hendrick décida donc de débouler en direction d’Ethan à toute vitesse. Il savait que s'il donnait au lieutenant trop de temps pour se préparer, ce dernier prendrait facilement l'avantage. C’était normal, le blond était beaucoup plus malin que lui et de loin. Il avait toujours eu le potentiel d’être un tellement meilleur flic que lui, c’était probablement aussi pour ça que le commissaire l’avait mis en binôme avec Willem.

Alors, avec un mélange d'excitation et de détermination, Hendrick s'élança, ses pas rapides enfonçant la neige fraîche sous ses pieds. Quand il arriva à l'arbre, il plongea derrière celui-ci en un bond et attrapa Ethan par surprise. Avant que ce dernier ne puisse réagir, Hendrick l'entoura de ses bras et le tira vers lui, l'emprisonnant dans une étreinte amicale mais ferme.

- C'est fini, tu es à moi ! s'exclama Hendrick, un sourire triomphant sur le visage.

Il se laissa tomber dans la neige avec sa victime dans un grand éclat de rire digne d’un méchant disney. La sensation de froid mordant contre sa peau contrastait avec la chaleur de l'étreinte qu’ils partageaient. Ils s'effondrèrent tous les deux, formant une pile désordonnée sur le manteau blanc, les flocons s'élevant autour d'eux dans une explosion de neige.

Peut-être était-ce le froid, peut-être était-ce l'excitation du moment, ou peut-être quelque chose de plus profond, un sentiment partagé entre eux, dissimulé sous la surface mais quelque chose le troubla un peu dans ce chaos joyeux. Hendrick sentit son cœur battre plus fort, cette proximité éveillant en lui des émotions qu'il avait tenté de refouler. Il n'y avait plus de barrière entre eux, juste deux amis, enchevêtrés dans la neige, riant comme des enfants. Mais il savait que ce n'était pas seulement ça pour lui. Ces sentiments qu'il avait cherché à ignorer, à enterrer, refaisaient surface avec une force inattendue.

Alors il se détacha d’Ethan pour se tourner, dos dans la neige, levant les yeux vers le ciel d’un bleu éclatant. Hendrick se demanda s'il aurait un jour le courage de faire face à ces émotions. Une œillade au blond lui indiqua que non. Il n’était pas prêt. Puis il avait beaucoup trop peur de n’être amoureux de son ami que parce qu’il manquait furieusement de quelqu’un dans sa vie et que ce dernier se montrait toujours si gentil et attentionné. Il ne voulait pas abuser de lui de quelque manière que ce soit. C’était déjà le sentiment qu’il avait ressenti de sa dernière relation avec Weiwei, il ne voulait plus blesser qui que ce soit parce qu’il se sentait seul ou qu’il tombait si facilement amoureux. Surtout pas Ethan.

Hendrick n’osait pas détacher son regard du ciel, respirant doucement, se remettant de leur course poursuite. C’était étonnant qu’il fasse si beau et que le soleil soit si fort. Ce n’était pas sensé être l’ennemi naturel de la neige ? La météo de montagne ressemblait à un mystère étrange. Est-ce que quelqu’un avait recouvert cet endroit de poudreuse ou y avait-il un phénomène scientifique derrière tout ça ? Était-ce lié à l’altitude ? Il ne comprenait vraiment pas comment la neige restait au sol. Il espérait qu’Ethan avait prit de la crème solaire pour deux, sinon il allait carboniser en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire. Après, son camarade avait un peu le genre de même peau que lui -bien que peut-être un peu moins sensible ? Il l’avait déjà vu revenir un peu rouge de vacances il est vrai.

Le téléphone d’Ethan interrompit ces réflexions incroyablement fulgurantes et il quitta le ciel pour tourner son regard vers le blond avec curiosité. Ce dernier se redressa, se relevant de la poudreuse. Son dos était parsemé de neige et sa silhouette venait faire de l’ombre sur Hendrick. Ce dernier posa sa main sur son front pour contrer la lumière de soleil et mieux le voir. Voilà, il avait peur de brûler et Ethan se présentait en barrage entre lui et le soleil comme s’il avait lu ces pensées… Bon ça ne dura pas, il s’agitait et le soleil passait au-dessus de ces épaules pour venir s’attaquer au rouquin.

- Je pense que c'est le coursier !

Hendrick se releva à sa suite, bondissant pour lui venir en aide. C’était fou ce qu’ils étaient rapides pour livrer des trucs dans les montagnes ! Les rares fois où il s’était fait livrer dans NA, ça avait pris des plombes. Est-ce que les livreurs avaient des skis ici ? Il suivit Ethan avec curiosité et entrain, content de découvrir à quoi ressemblait le coursier. Il s’avéra qu’il était tout à fait normal, ce qui avait quelque chose de surprenant et un chouia déceptif mais qui n’entama pas bien entendu la bonne humeur d’Hendrick. Après avoir poursuivi le livreur jusque dehors pour voir s’il se baladait en moto neige, il chercha Ethan dans la maison.

Lorsqu’ils se retrouvèrent, Ethan l’attrapa par la main avec enthousiasme pour l’emmener essayer les skis et se changer. Le contact de leurs doigts refroidis par la neige lui laissa un doux sourire et il le suivit à travers les pièces de l’immense chalet. Vraiment, tout était grand et imposant et incroyable ici. Il avait la sensation qu’on aurait pu caser un nombre de personne incroyable ici. C’était trop bizarre que ce ne soit même pas une vraie maison mais une maison de vacances. Ça lui paressait fou. Ça devait pas être que celle de la famille d’Ethan, il avait probablement pas bien compris et ils devaient la partager certainement.

Ils enfilèrent leurs combinaisons de ski, tout était molletonnés et rendait les mouvements plus maladroits. Hendrick se sentait presque comme un cosmonaute, c’était hyper amusant. Il eut besoin de l’aide d’Ethan pour enfiler ces chaussures parce que ces machins avaient milles attaches et qu’elles se mettaient super bizarrement. Hendrick l’observa faire, admiratif des talents de son acolyte. Il en connaissait tellement sur les skis ! Puis il en parlait avec une telle lumière dans le regard ! Rien avoir avec sa manière d’aborder son job de policier. Peut-être qu’il était plus heureux ici ? Cette idée lui tira un pincement qu’il chassa. Ce qui importait, c’était qu’il soit heureux non ?

Les deux s’avancèrent jusqu’à l’entrée du chalet munis de leur pair de skis. Hendrick cogna un peu les murs avec la sienne en se tournant alors qu’Ethan lui enfonçait un bonnet sur les oreilles. Il leva les yeux vers son collègue. Il aimait bien être plus petit que lui. C’était bête mais ça avait un truc rassurant. Non mais c’était juste bête. Il savait pas pourquoi il se disait ça. Fallait qu’il arrête.

- T'es prêt ? Je te préviens, on peut faire la course jusqu'en haut des pistes mais je vais gagner.

Hendrick était prêt bien entendu ! Méga prêt même ! Il avait tellement envie d’apprendre le sport préféré de son collègue, puis de s’amuser avec lui, puis de profiter de ces superbes vacances qui n’adviendrait peut-être qu’une seule fois dans sa vie.

- Prêt ! Alors oui pour la course mais faut que tu me montres comment utiliser un remonte pente d’abord parce que j’en ai aucune idée…

Ça l’intimidait un peu tous les trucs des montagnes. Il se sentait à la fois comme un petit chien fou qui avait envie de tout faire et tout découvrir, et à la fois, il était content de le faire surtout parce qu’il était accompagné. Alors il ajouta finalement en venant glisser sa main libre de skis dans celle d’Ethan, timidement :

- Après… C’est chouette si on reste ensemble non ?

Il n’avait pas envie de se perdre au milieu de la neige tout seul. Ce qui serait forcément arrivé si Ethan le devançait de trop. Ca n’avait jamais été son point fort les courses d’orientation, et s’il connaissait des zones vertes dans New Amsterdam, il était tout de même peu habituer aux types de nature que l’on retrouvait en montagne. Et s’il se faisait attaquer par un ours polaire ? Ou pire, si Ethan se faisait attaquer par un ours polaire.

Ethan s’approcha de lui pour lui adresser un bisou sur la joue, qui provoqua des palpitations à Hendrick. Heureusement, emballé dans sa tenue de ski, on pouvait penser que la coloration de ces joues était dû à la chaleur de ces vêtements.

- Je te montre comment prendre le remonte pente ?

Il hocha la tête, prenant un air concentré. Il écouta bien toutes les explications de son collègue. On n’allait pas se mentir, quand Ethan lui racontait comment s’y prendre, ça paraissait extrêmement facile et ça mit tout de suite en confiance Hendrick qui emprunta le tir fesse sans la moindre hésitation. Mais le mouvement de l’engin le surprit bien que c’était exactement comme le blond lui avait décrit. Il tenta de maintenir son équilibre mais la partie qu’il devait tenir entre ces jambes lui échappa et il se rétama sans forme de procès dans la neige. Heureusement, son crush vient lui sauver la vie, l’aidant à se remettre en selle. La deuxième tentative fut plus fructueuse maintenant qu’il avait pu estimer la vitesse du remonte pente.

C’était pareil pour le ski en lui-même au final. Hendrick fut relativement surpris par la vitesse quand on skiait et il adora tout de suite ça. Heureusement d’ailleurs car il ne maitrisait pas tellement l’art de freiner donc il dévalait essentiellement les pentes jusqu’à ce qu’une chute ne lui permette de ralentir en fin de course. C’était vraiment trop trop chouette, il adorait ! Puis c’était des moments volés qu’il partageait avec Ethan. Les montées et les descentes passaient si vite que quand Ethan lui indiqua l’heure et le fait qu’ils devaient bientôt s’arrêter, Hendrick fut extrêmement surpris. Déjà ? Oh nooon. Il aurait adoré continuer encore ! Il parvient à convaincre Ethan de faire une dernière descente en lui faisant les yeux doux puis ils rentrèrent au chalet.

Après une journée à rouler dans la neige, Hendrick était trempé. Il prit une rapide douche chaude bien nécessaire pour se réchauffer et enfila des vêtements qu’Ethan lui avait prêté. Et oui ! Il devait se faire tout beau pour aller dans le super restaurant dix étoiles de son crush. D’ailleurs… L’idée de ce restaurant en tête à tête le rendait stupidement nerveux. Fallait pas qu’il fasse de gaffe. Ils mangeaient souvent ensemble à NA donc normalement aucun risque, mais il avait la sensation qu’ici, l’ambiance lui paraitrait différente. Les choses lui avaient paru différentes aujourd’hui bien que similaire. C’était amusant de partir en vacances. Hendrick avait eu peur que son boulot de flic lui manque, mais il s’avérait qu’il avait rapidement déconnecté. Il avait la sensation de découvrir un autre univers dans ces montagnes.

Il attacha ces cheveux encore humides en boulette -sa manière à lui de dire chignon je suppose- derrière sa tête pour éviter de mouiller le très beau costume que lui avait prêté son collègue. Il oublia qu’il s’était inquiété d’un possible dérapage, devenant un peu plus impatient chaque seconde qu’Ethan prenait dans la salle de bain. Il décida de guetter à la fenêtre du chalet, observant avec béatitude les montagnes qu’on apercevait au loin. Lorsque le blond le rejoint, il y eut quelques secondes de battement et Hendrick ne put s’empêcher à chaud de le complimenter sur sa tenue. En même temps, il était encore plus élégant que d’habitude.

Le rouquin découvrit que pour se rendre dans des lieux dans les montagnes, des chauffeurs semblaient patienter, guettant leurs venues dans le noir. C’était vraiment une dinguerie les montagnes, y avait rien à dire ! C’était trop stylé de se faire conduire en voiture jusqu’au resto comme ça ! Il avait la classe les montagnards ! Bref, ils arrivèrent et s’installèrent à table. Ethan complimenta son collègue sur sa journée :

- Encore bravo pour aujoud'hui ! C'est incroyable comment tu as progressé de fou, t'es hyper doué ! Je suis hyper fier.

Hendrick bomba le torse, trop fier d’être complimenté. C’était rare qu’on le trouve bon dans quelque chose et qu’on l’encourage à continuer ces efforts. Il s’appliquerait encore plus demain, juste pour rendre Ethan encore plus fier ! Il eut un sourire et répliqua fièrement :

- J’ai eu le meilleur prof !

Il adressa un regard ambré brillant à son collègue. C’était trop agréable d’apprendre avec lui ! Il ne s’énervait jamais quand Hendrick manquait un peu d’attention ou qu’il devait lui répéter certaines choses plusieurs fois avant qu’il ne parvienne à les emmagasiner. Ils discutèrent un peu de leur journée, et des plans prévus dans les prochains jours. Ethan expliqua au rouquin le principe d’une pré-entrée alors que ce dernier s’inquiétait grandement des quantités de nourriture dans leurs assiettes et ensuite la manière dont il fallait manger certains trucs. Pour être honnête, il y avait beaucoup de truc qui avait des drôles de gouts et pas toujours les plus agréables pour Hendrick qui avait vraiment un palais très simple, mais comme il voulait faire plaisir à Ethan puis qu’il ne voulait pas mourir de faim -vraiment cette peur insensée- il avait tout manger et sans se plaindre.

Le dessert avait été ce qu’il avait préféré évidemment. La soirée s’était passée sans pression. C’était trop agréable comme moment. Hendrick proposa de payer le restaurant -comme déjà il se faisait inviter et tout- mais le refus catégorique d’Ethan le dissuada finalement. Ils rentrèrent au chalet tous les deux. Quand le taxi les déposa devant, Hendrick insista pour rester quelques minutes dehors à observer les étoiles. Il s’extasia sur le ciel au-dessus de leur tête, loin des pollutions de la ville, le pointant du doigt à Ethan avec enthousiasme. Il se demandait s’il y avait plus d’étoiles au-dessus des montagnes pour une raison. Il n’y connaissait rien aux constellations mais il en inventait, se fiant à leurs formes pour dire n’importe quoi. Il se demandait s’il en existait vraiment une qui ressemble à un brocoli. Bref. Il faisait froid alors il glissa une main dans celle d’Ethan et lui proposa finalement d’aller s’abriter à l’intérieur.

Le ciel étoilé, ça lui faisait toujours penser à sa famille. A Pépé-Espace et ces histoires d’exploration incroyable ou à ces parents et leurs métiers d’astrophysiciens. Il aurait voulu être assez malin pour suivre leurs traces. Pour les retrouver. Pour être suffisant. Et là, dans l’obscurité apaisante, face à cet incroyable tableau de constellations, il se sentait pourtant apaisé. Un peu plus proche d’eux aussi. Alors qu’il avait proposé à Ethan de rentrer, ce dernier l’interpella :

- Hendrick ?
- Hm ?

Il y avait quelque chose d’étrange dans sa voix. Du tracas ? Hendrick tourna son regard ambré assombrit par l’obscurité vers son collègue. Il le regardait lui aussi, et quelque chose dans ces yeux lui coupa la respiration. Est-ce que tout allait bien ? Il allait verbaliser son inquiétude, prêt à venir en aide à son ami quand ce dernier rapprocha son visage jusqu’à ce que leurs fronts se touchent. Essayait-il de lui indiquer qu’il avait de la fièvre ? Oh non ! Il espérait que ce n’était pas à cause du tour de piste supplémentaire ! Pourquoi ces lèvres se rapprochaient soudainement terriblement des siennes ? Est-ce qu’il s’évanouissait sur Hendrick ? C’était débile. Hendrick savait très bien. Il essayait comme il pouvait de rationaliser ce qui se passait. Il ne savait pas s’il était prêt. Il ne savait pas si c’était une bonne idée de s’engager dans une nouvelle relation. Ethan… était trop bien pour lui.

Leurs lèvres se trouvèrent. Hendrick ferma les yeux et serra la main d’Ethan plus fort, presque avec une certaine anxiété. Les doigts de sa main libre vinrent se glisser jusque dans la nuque de son collègue et il ne quitta sa bouche que lorsque l’air lui manqua. Il avait le cœur qui battait à du milles à l’heure et la tête qui lui tournait. Il respira doucement plusieurs fois, un peu sous le choc. Tout lui paressait irréel. Il avait l’impression de ne plus savoir comment bouger ou comment vivre. Comme si on venait de rebooter l’entièreté de son cerveau. Ces doigts étaient toujours glissés derrière sa nuque, les cheveux du blond lui caressaient l’auriculaire.

Ethan l’avait embrassé ? Ethan Holmes venait-il de l’interpeler pour l’embrasser sous le ciel étoilé ? Est-ce que le gastro était un rencard ? Est-ce qu’il avait raté ce signe si évident ? Est-ce que… Est-ce que son collègue avait développé des sentiments pour lui ? Vrai de vrai ? Il ne put s’empêcher de poser la question à voix haute parce qu’il avait vraiment dû mal à savoir si ce n’était pas un tour de sa tête ou d’autre chose :

- Est-ce que tu m’as embrassé ou … ?

Où est-ce que j’ai halluciné ?
Est-ce qu’il était en train de rêver ou de s’imaginer des trucs ? Il était certain de ce qu’il avait ressenti cependant. Et briser le silence rendait soudain tout encore plus réel. Un séisme dans son estomac alors que ces yeux essayaient de lire le regard céruléen de son collègue. Mais Hendrick n’était pas capable de lire quoi que ce soit là tout de suite. Il était bien trop perturbé et encore choqué. Ces petites secondes de battement et de silence après son baiser lui semblaient de trop bien qu’il avait ressentit le besoin que ces moments existent.

Mais déchirer ce silence en parlant lui donnait comme une certitude au fond de ces tripes. Une certaine émotion le prit, un truc bizarre qu’il n’avait jamais ressenti et qui lui donnait envie de pleurer. C’était incompréhensible parce que cette idylle avec Ethan, il l’avait un peu rêvé. Pourquoi ça lui serrait la gorge comme ça ? Parce qu’il ne savait pas comment s’expliquer auprès de son collègue s’il se mettait à pleurer, Hendrick n’attendit pas sa réponse et initia un second baiser. Il relança son cœur.