Bitter sweet
Janvier.
L'atelier de Jude.
OOTD (clique!).
Ce nom ne dit rien à personne parce qu’il est resté secret. Personne ne sait que je le connais ni pourquoi. D’ailleurs, pourquoi?
Eh bien… Disons qu’après avoir appris que Johannes avait été tué par Elijah, j’ai fouillé les morgues. Enfin, Ray l’a fait pour moi. Alors je suis parti le voir dans l’espoir de comprendre… De savoir. Essayer de compléter le puzzle là où il me manquait une pièce.
Puis y’a eu Hades et le jour où il est revenu en sang. Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre que quelque chose était arrivé à ce vieux marin d’eau douce de Eli. Je n’ai eu qu’à appeler cette fois pour qu’il me confirme la nouvelle.
C’était… La deuxième personne que je perdais. En arrivant ici, les deux premières personnes que j’ai pu rencontrer et avec qui j’ai partagé quelque chose, c’était eux. Johannes, patriarche des Wanhoop et Elijah, patriarche des Eindhoven.
Il me manquait plus que la matriarche des Maiiers et j’avais le quinté gagnant.
J’ignore pourquoi ma vie à pris une tournure aussi compliquée. Pourquoi elle est maintenant animée de tensions entre les camps. D’un côté j’ai Everdina, ma belle fille et de l’autre… J’ai Hades, mon… petit ami…? J’en sais rien. Il habite avec moi, donc j’imagine qu’il doit l’être. J’ai pas mis de nom sur son statut.
Enfin bon, le fait est que pour une personne qui aspire à la paix: je me retrouve avec la guerre à la maison. Enfin bon.
Alors que Raymond conduit, je reste silencieuse, à l’arrière.
- Boss?
- Hm?
- Tout va bien?
- Oui, Ray… (Je réfléchis quelques secondes.) Raymond… Est-ce que… Est-ce que tu penses que je mène une mauvaise vie?
Les sourcils du châtain se soulèvent tandis qu’il remonte ses lunettes sur son nez. Il se dandine légèrement sur son siège et les deux mains sur le volant il répond:
- Je pense que vous menez une vie dans un endroit difficile, Boss. Vous faites ce qui vous semble être bon, vous veillez à vos proches et vous vous occupez de la prospérité de vos affaires, sans mettre votre nez chez les autres…
- Mais mes choix de vie ont été discutables… N’est-ce pas?
- Hm… Qui peut vous en blâmer… Dans cette ville on voit de tout et de n’importe quoi et je trouve qu’il y a vraiment pire que vous en termes de choix de vie.
- Ah tu crois…
- Je pense… Que quiconque serait avec vous devrait s’estimer heureux. Vous êtes bien l’une des dernières personnes à traiter les gens comme des humains… Je pense notamment à Mr. Gallagher… Et aussi Kumiko et moi-même.
Je fais une moue pas convaincue.
- Tu me flattes. Depuis quand est-ce que c’est devenu un must de traiter les humains comme des humains, Ray? Y’a rien d’extraordinaire là dedans. Arrête-toi là, fais-je en défaisant ma ceinture de sécurité. Je ne suis … Qu’une gourde parmi tant d’autres.
Je sors de la voiture et me penche à sa fenêtre pour y toquer.
- Je t’enverrais ma position pour que tu viennes me chercher. Retourne à l’hôtel et fais ce que tu sais faire de mieux.
Il opine du chef et remonte la vitre avant de repartir lentement. Je regarde la voiture s'éloigner et me met en marche avant d’arriver devant l’atelier de Jude et frapper à la porte avant d’entrer.
- Monsieur O’Brien? C’est moi. Madame Baek.
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con Nombre Apellido.
Mais aujourd'hui, la dénommée Piper Yun Baek venait pour un tout autre motif. Motif pour lequel Jude avait été obligé de la convoquer pour une petite mise au point. Mmmmh ? Non, sans violence, qu'allez-vous chercher. La jeune femme souhaitait accéder au dossier du défunt patriarche Eindhoven, Elijah. L'irlandais n'était pas du genre à laisser un nez -aussi attrayant soit-il- fouiller dans des données sensibles sans que la raison en soit parfaitement valable. Il ne fallait pas non plus négliger ici qu'il s'agissait de Piper Yun Baek. Pourquoi ce fait est-il si important ? Parce qu'elle a tapé dans l'oeil de Jude, voyons. Il ne peut absolument pas nier le fait de l'avoir trouvée particulièrement attirante. Alors un prétexte comme celui-ci pour pouvoir la revoir et éventuellement tenter sa chance... il n'allait pas cracher dessus. Oui, le grand brun n'abandonnait pas l'idée d'un jour pouvoir abandonner les conquêtes ponctuelles pour pouvoir s'établir de façon stable avec un individu sain d'esprit. Aussi miraculeux et providentiel cela puisse-t-il paraître à New Amsterdam, l'irlandais ne démordait pas de son espérance. Or, Mademoiselle Baek lui avait semblé être une personne tout à fait droite en contraste avec certaines autres âmes présentes en cette ville.
Assis à son bureau, dossier déjà prêt, yeux rivés sur son écran d'ordinateur sur les derniers impayés en attente, Jude ne releva les yeux que lorsqu'il entendit frapper à la porte. Il la vit s'ouvrir lentement après qu'une voix familière se soit annoncée. Malgré tout son courage et toute sa confiance en lui, revoir la jeune femme ne laissant pas le palpitant du brun indifférent. Dansant un mambo sous sa cage thoracique, Jude s'éclaircit la gorge pour reprendre une contenance et se mit debout, s'avançant de ses grands enjambées caractéristiques vers Piper. Il lui tendit une main cordiale et lui intima par un geste de prendre place en face du bureau. Se rasseyant sur son fauteuil, il saisit le dossier si épineux et l'observa un instant avant de planter ses rubis sur madame. "Vous m'avez exprimé le souhait de consulter un dossier bien particulier. J'aurais aimé en savoir d'avantage sur les raisons de cette demande. Comprenez bien que je me dois de respecter la confidentialité de mes clients. Je peux faire une exception si le motif en est impérieux... c'est pourquoi je vous ai demandé de venir. Nous pourrons ainsi discuter de manière plus confortable."
"Maes" Thomas.C Gallagher
Bitter sweet
Janvier.
L'atelier de Jude.
OOTD (clique!).
C’est vrai que je ne lui ai rien dit des raisons pour lesquelles je voulais consulter ce dossier. Sûrement que je trouvais ça inutile de lui exposer toute mon histoire et de devoir me justifier en la lui exposant.
Après tout, ce n’est pas une fierté de raconter à quelqu’un que l’homme qui vous a mis enceinte est mort le lendemain et que son meurtrier est aujourd’hui mort, lui aussi. D’autant plus que ce meurtrier était un ami… Tout au plus.
Elijah avait été un soutien pour moi le jour de mon premier anniversaire à New Amsterdam. Ce jour-là, je me souviens que Sol Na, ma cousine, m'avait envoyé une carte d’anniversaire remplie de piques me rappelant que ma mère avait préféré la choisir elle plutôt que moi, sa propre fille, par le biais d’une photo de famille.
Mon père, lui, m’avait fait livrer un gâteau d’anniversaire que j'avais partagé avec Elijah. A l’époque, il n’était pas encore en fauteuil roulant. Il avait appuyé son vélo contre la paroi vitrée du restaurant de l’hôtel et était rentré pour échapper à la pluie.
- La vérité… C’est qu’il n’en n’est rien. Elijah et moi n’étions point reliés par le sang… Nous l’étions par amitié.
Et par nos histoires croisées. Mais comment lui expliquer que moi, une simple civile, j’ai pu être dans les petits mouchoirs d’un patriarche tel qu’Elijah?
Surtout, je devrais lui expliquer que cela m’importe, car je suis désormais la femme d’un de ses hommes.
Homme qui, il n’y a pas longtemps, est revenu en lambeaux et que j’ai dû soigner. En vérité, c’est parce qu’il m’est revenu en morceaux que j’ai appris qu’il était d’un gang. Et en me disant de quel gang, j’ai vite compris qu’il était arrivé quelque chose à Elijah.
Je sais aussi “qui” a eu sa peau. Il s’agit du premier enfant de l’homme de qui je suis enceinte. Ma belle-fille, Everdina. Oui, je sais tout ça. Mais ce que je ne sais pas, c’est la mesure dans laquelle il a été abattu. Avec quelle cruauté. Qu’elle hargne.
Je ne suis pas étonnée qu’il ait terminé comme ça. Elijah… La dernière fois que je l’ai vu, il était dans un fauteuil roulant. Il n’écoutait déjà pas ce qu’on lui disait et semblait fermé à toute idée d’ouverture. Cependant, depuis son accident avec Johannes, il était devenu plus acerbe et sombre. Aveuglé par le poids de ses souvenirs, accablé par le poids de ses actes. Les voix parlaient à son oreille constamment je crois. Assez pour le conserver dans un bain d’émotions négatives.
Je crois que les chocs émotionnels sont mal reçus par les adultes.
Les enfants, eux, encaissent le choc et continuent de vivre. Mais nous adultes… Nous n’avons pas la même résilience. Si un choc est trop grand pour notre âme, alors cette dernière s’abat. Peu importe l'énergie qu’on s’emploie à l’encourager, à la rassurer… Notre âme se déchire et reste comme ça. C’est là que notre esprit, vient éponger les gouttelettes de souffrance qui s’en échappent, lui causant peine aussi.
Nous devenons alors des êtres vulnérables. Incapables d’entendre raison. Incapable de recevoir le pardon. Ni la paix.
- Pardonnez-moi je vous fais perdre votre temps, Monsieur O’Brien.
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con Nombre Apellido.
Bitter sweet
ft. Pier
La recevoir ici n'était en rien une perte de temps pour l'irlandais. Il sondait la jeune femme de ses yeux rouges, tentant de percer les mystères de son laconisme. Incapable de savoir si elle disait vrai ou non au sujet de son amitié avec le défunt patriarche Eindhoven. L'écoutant sans piper (LOL).. mot, de cette attitude si constante et calme qui le caractérisait tant, des pensées s'agitaient en nombre sous son crâne. Piper Yun Baek, d'abord proche de l'ancien dirigeant des Wanhoop, venue chercher un moyen de faire son deuil au sein de ses murs... maintenant avide d'information au sujet d'Elijah.
Quel était son but exactement ? Pouvait-il réellement se fier à ses dires concernant leur amitié ? L'irlandais trouvait la situation étrange. Qu'est-ce qu'une jeune femme comme elle, dont il n'avait jamais entendu parler de la bouche de quelconque informateur, trouvait d'intéressant à deux patriarches opposés ? Serait-elle... de mèche avec le fameux Owl ? Peut-être était-elle sincère dans sa démarche, peut-être avait-elle besoin de jeter un oeil à ce dossier pour de raisons tout à fait personnelles. Ou peut-être cherchait-elle à enquêter pour un motif qui pourrait bien venir envenimer la situation déjà bancale des amstellodamiens. Plus qu'un intérêt physique, une attirance quelconque envers elle, une étincelle de curiosité avide animait les rubis de Jude.
Tu ne m'as pas fait perdre mon temps, loin de là. Je me demande juste quel rôle tu tiens dans ce chaos perpétuel qu'est New Amsterdam. Pensa-t-il pour lui-même sans la lâcher des yeux, ses doigts tapotant sur son bureau lentement. Cherchant à décider quoi faire pour la suite, il corrigea quelque peu sa posture sur sa chaise en s'éclaircissant la gorge. "Que cherchez-vous à savoir exactement ?" Profitant de sa légitimé à obtenir des informations à l'instant T, Jude ne se priva pas de mettre les pieds dans le plat pour la pousser à être plus explicite. Peut-être allait-elle accepter de dévoiler, ne serait-ce qu'un peu, son but en lui demandant de fourrer son nez là où elle n'avait pas à l'y laisser traîner.
Jude avait décidé de jouer la carte du professionnel méticuleux, proche de son client, cherchant à respecter discrétion et engagement, vérifiant scrupuleusement les intentions d'autrui, prêt à éventuellement faire un geste au besoin. Oh, non que ce soit une attitude fausse venant de sa part... mais en agissant de la sorte, il estimait avoir plus de chance de pouvoir creuser et réussir à déceler sincérité et mensonges chez son invitée du jour. L'intérêt ? Se protéger lui-même, ainsi que son gagne pain. L'information coûte cher à New Amsterdam, il en va parfois de la vie d'autrui. L'irlandais, aussi calme, docile et discret soit-il au sein des Eindhoven, en avait bien conscience.
Piper Yun Baek
Bitter sweet
Janvier.
L'atelier de Jude.
OOTD (clique!).
Eh bien ça c’est du direct. Faisant une moue, piétinant sur place quelque peu, je regard ailleurs l’air de me dire « Bah c’est vrai ça… »
- J’aimerais savoir comment mon ami est décédé. S’il a beaucoup souffert…
Eli n’était pas un saint homme, qu’on se le dise. Je le savais. Il me l’avait dit dès notre première rencontre. Mais ça ne m’a jamais empêché d’avoir de la peine pour lui. Surtout quand je l’ai revu dans son fauteuil.
Ce jour-là était terrible, pour la simple et bonne raison, qu’il m’a avoué avoir été la cause de la disparition de Johannes. Après lui avoir demandé de me parler du père de mes enfants, il a refusé sec. J’ai bien essayé d’insister, mais après avoir vu que ça lui coûtait autant émotionnellement et mentalement, je n’ai pas insisté.
Je ne suis pas femme à marcher sur les plaies des autres, comme une insensible. Je sais que j’en ai l’air, mais non…
- Eli était déjà dans une situation délicate… Je crois que la mort ne lui faisait plus très peur et qu’elle l’attirait. J’aimerais savoir dans quelles circonstances il est parti. Loin de moi l’idée de chercher un fautif, je sais que les histoires de gang sont quelque chose dont je ne dois pas me mêler… J’en ai eu pour mon grade. Mais…
Je réfléchis pour rassembler mes idées.
- Nous étions amis. Je me vois mal répéter cette phrase sans savoir ce qu’il lui est arrivé. Enfin, moi, ça me gêne.
J’ai pas beaucoup d’amis. J’en ai jamais eu beaucoup. Mais le peu qui m’a été donné … J’en ai toujours pris soin. J’ai toujours essayé de faire au mieux. De les protéger. De rire avec eux. De les aider. Je pense notamment à Peter…
… Sauf que je n’ai jamais pris soin de Peter. Il prenait soin de moi. C’est la seule exception.
Je pince les lèvres et sourit timidement.
- Voilà pourquoi…
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con Nombre Apellido.